John Carter
Le 02/03/2012 à 10:50Par Camille Solal
Notre avis
Retrouvez ci-dessous la critique de John Carter...
John Carter : Critique
Chevelure au vent, muscles saillants et arme braquée sur le seuil d’un infini de sable et de majestueuses mécaniques volantes, John Carter s’est dévoilé à nous sur la voix rocailleuse de Peter Grabriel. "My body is a cage" psalmodiait ainsi le crooner sur une bande annonce alléchante nous promettant monts et merveilles. Et puis, sortie de nul part, une bande annonce fan made s'est propagée sur la toile, plus rythmée, explosive et fun que l'originale. Dès lors les langues se sont déliées, les pontes du studio Disney et le réalisateur du film Andrew Stanton (Wall-E, Le Monde de Némo) approuvant cette version, ce dernier avouant même à demi-mot qu'elle reflètait de manière plus juste et sincère l'essence de son film. Une affaire qui aurait pu demeurer au simple stade de l'anecdote si elle ne soulevait une question majeure : A qui s'adresse vraiment John Carter ?
Adaptation du roman d'Edgar Rice Burroughs intitulé John Carter of Mars, le film reprend à sa sauce la première des 3 aventures axées sur le personnage de John Carter, un vétéran de la guerre civile qui, après avoir déserté, trouve refuge dans une grotte dans laquelle une bien étrange rencontre le parachute sur Barsoom, la planète Mars. A peine découvre t-il ce nouveau monde riche en magie et en apesanteur que Carter se retrouve, au même titre que le personnage de George Taylor dans La Planète des Singes, réduit en esclavage par des autochtones. Cependant, les martiens comprennent bien vite que la survie de leur monde ravagé par la guerre dépend peut-être de cet humain bien étrange...
Si la première histoire du cycle John Carter qui défile sur la toile est bourrée de qualités techniques et visuelles, beaucoup se sentiront néanmoins blousé par un film qui promettait bien plus. Avec son budget pharaonique, le projet John Carter, qui plus est signé par l'oscarisé Andrew Stanton, sentait en effet bon le space opéra capable de repousser le genre de la science-fiction dans ses propres retranchements en exploitant un langage littéraire foisonnant particulièrement sous-exploité au cinéma. Hélas, la sentence est ici irrévocable : John Carter tient plus de Prince of Persia ou d'un Roi Scorpion multi-vitaminé que du Star Wars de 1977. Le film est donc une énième marchandise, un blockbuster à regarder en mâchouillant des pop-corn et qui poussera papa-maman à aller acheter la figurine du héros au dernier-né alors même que le générique défile encore. En ce sens, la présence de la 3D (une nouvelle fois dispensable) était donc bien un indice à ne pas négliger...
Malgré tout, si la cible du public est clairement définie par un scénario à l'eau de rose sans grandes surprises et qui accumule les clichés du "conte Walt Disney" jusqu'à un dernier tier de bobine particulièrement fantasque, le film a suffisamment de qualités intrinsèques pour divertir. Certes Taylor Kitsch n'est assurément pas crédible dans le rôle de l'adulte qui a perdu femme et enfant, mais l'acteur insuffle à son personnage une certaine nonchalance et un manque de confiance en soi qui le distingue de n'importe quel 'acteur badass' qui aurait pu occuper le costume un chouïa ridicule de John Carter. Face à lui, les faux yeux bleus de Lynn Collins nous font chavirer alors que les 'méchants' (Dominic West et Mark Strong) déçoivent quant à eux par leur manque de relief et de profondeur.
Soutenu par un score de qualité, John Carter brasse les références et propose un melting pot qui, à défaut d'être audacieux et original, n'en demeure pas moins dépaysant. Si certaines facilités nous empêche parfois de suivre Carter tête baissée jusqu'aux confins de la galaxie (la reprise du combat dans l'arène issue de Star Wars : Episode II - L'Attaque des Clones, notamment), cet 'Aladdin new generation' ouvre ses portes avec une telle vitalité et une telle emphase qu'il est dès lors bien difficile de lui résister... Et de ne pas attendre une suite qui, on l'espère, saura pleinement rabibocher notre âme d'enfant à notre bien triste cynisme d'adulte, enfin.