40 ans Mode d'Emploi : la critique du film
Le 26/02/2013 à 11:04Par Jonathan Deladerriere
Notre avis
Montrant du doigt de son regard unique les désidératas de la cellule familiale et les craintes inhérentes de la condition humaine (quelles soient sexuelles, politiques ou existentielles), Judd Apatow se pose une fois encore en défricheur de tics, en analyste à la précision chirurgicale. Réussissant son pari grâce à un vrai talent d’écriture, le réalisateur nous livre une nouvelle fois sa vision acerbe mais bienveillante sur les déviances de nos psyché. Un film bourré d’humour et de scènes hilarantes plombé il est vrai par quelques longueurs. Découvrez ci-dessous notre critique complète de 40 ans : mode d'emploi.
40 ans Mode d'Emploi : la critique du film
Emmenant régulièrement avec lui toute sa bande de vieux potes, Judd Apatow est un usagé de l’enfonçage de portes ouvertes. Lorgnant une nouvelle fois vers la comédie grasse voir pataude, qu’en est il réellement de ce nouvel opus au titre plus qu’évocateur ? Nombriliste, facile, bas du front, on a souvent reproché nombre de ces gimmicks au réalisateur. Fébriles, les cinéphiles que nous sommes l’étions. Mais une fois n’est pas coutume et sans réinventer le septième art (car ce n’est pas non plus ce qu’on lui demande !), force est de constater que le nouveau film du réalisateur d’EN CLOQUE, MODE D’EMPLOI (sic) transforme l’essai.
Ainsi, alors que cinq ans auparavant le scénariste et cinéaste nous faisait faire connaissance avec le couple formé par Pete et Debbie, les acteurs Paul Rudd et Leslie Mann, habitués du genre, reprennent aujourd’hui leur rôles de mari et femme approchant le tournant fatidique de la quarantaine… Inutile ici de mettre vos méninges en ébullition, le cinéaste délivre ici un produit calibré et sans surprise, mais très attachant et surtout bourré de bonnes idées. Comédie drôle et sensible mettant l’accent circonflexe sur les us et coutumes de la comédie à l’américaine, le résultat est plus qu’agréable. Entamant son propos par une exposition de personnages rapide et efficace, le metteur en scène de 40 ANS, TOUJOURS PUCEAU (suivez mon regard) emporte vite l’adhésion. Tribulation adolescente, gratification à contre emploi du quotidien, on englobe ici toutes les thématiques fortes à la célèbre crise identitaire…
Sexe, réussite professionnelle, t-shirts délavés de Pavement qu’on portait il y a 20 ans, crise adolescente et pétage de plombs devant les épisodes de Lost (l’une des meilleure trouvaille du film), on navigue en eau connue mais inutile de nier, on rit souvent et à gorge déployée. Paul Rudd lui, est une nouvelle fois parfait dans le rôle, bien aidé il est vrai par un vrai sens comique, une réelle envie de se mettre en danger et certains seconds rôles savoureux comme Albert "Drive" Brooks ou John Lithgow, inoubliable "Trinity Killer" de la série Dexter. Ajoutant à cela des répliques cultes, des scènes plus ridicules les unes que les autres (le vélo, les toilettes…) ou l’argument "Bombe atomique" souligné par la présence au générique de l’incendiaire Megan Fox, le spectateur passe un bon (bien qu’ un poil long) moment.
Alors oui, rien n’est aussi rose dans cette énième resucée des problématiques questions financières, parentales ou sexuelles d’un couple qui s’essouffle. On a déjà vu ça 100 fois et avec plus ou moins de talent mais la patte unique d’Apatow est indéniable. Maître ès "comédie familiale" et dénicheur sans pareil de toutes nos plus intimes manies, le producteur de DISJONCTE souffre la critique et scrute notre foyer de son œil acéré. Un réalisateur attachant donc, tantôt humaniste tantôt cruel, mais qui parvient toutefois à donner ses lettres de noblesse à un genre par maintes fois dénigré. Portant visiblement à l’image ses propres démons (et les nôtres par la même occasion), Judd Apatow psychanalyse son spectateur dont l’identification immédiate se veut mi- grosse ficelle scénaristique mi- plaisir coupable. Un défouloir, des gros sabots, un pamphlet vain ou un fou rire sans prétention, 40 ANS MODE D’EMPLOI est en somme tout cela à la fois. Pas forcément le nouveau DOCTEUR JIVAGO mais une vraie déclaration d’amitié écrit avec un réel talent. On n’en attendait pas forcément tant.