Abraham Lincoln : biopic fantasmé fantastique
Le 12/07/2012 à 09:00Par Marion Plantier
Timur Bekmambetov revient à la réalisation avec un projet aussi ambitieux que casse-gueule, Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires, dans lequel le réalisateur russe se penche à son tour sur ces créatures de l'ombre, mais avec une approche historico-politique cette fois. S'il faut adhérer au concept dès la première seconde pour digérer un scénario décevant, lié à un mélange des genres bancal, rien n'empêche de savourer l'autre versant du film, centré sur la chasse aux vampires et boosté par des scènes d'action et de combat cultes. Découvrez ci-dessous notre critique d'Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires.
Abraham Lincoln, Chasseur de Vampires : Critique
Avant de devenir l'illustre figure de la guerre de Sécession, Abraham Lincoln était un homme parmi d'autres. Un homme qui consacrait sa vie à éliminer les vampires assoiffés de sang qui tentaient alors de prendre le contrôle du pays ... Soyons clairs : si l'on adhère pas au concept, difficile d'apprécier le portrait fait ici d'un des hommes les plus mémorables de l'histoire des États-Unis. Le film balance entre un univers purement fantastique et un aspect très réaliste. L'entremêlement entre la fiction et la réalité n'est malheureusement pas à la hauteur de l'ampleur d'un tel projet, le plus terrible étant de ne pas savoir s'il l'on rit parce que le réalisateur l'a voulu - un second degré trop léger pour être volontaire - ou si, plus vraisemblablement, on rit à ses dépens ... Le fantastico-horreur est globalement assumé mais trop souvent risible pour être réellement impressionnant. Et on ne pourrait finalement retenir du film que quelques effets de sursauts qui restent très attendus et des vampires dans l'ensemble fades et très peu explorés, le scénario ne se focalisant que sur l'histoire des "gentils". Malheureusement, ceux-ci n'ont pas la trempe, ni le charisme nécessaires pour proposer un background intéressant et intelligent, que ce soit le mentor Henry Sturgess, la femme Mary Todd ou l'ami d'enfance William Seward. Leurs motivations se font plus ridicules que prenantes et leurs tristesses ou désespoirs ne sont que très rarement crédibles. Même le rôle principal n'échappe pas à ces défauts, avec une voix-off sensée servir l'aspect biographique du film, mais qui ne fait que renforcer le pathétique de certaines séquences, tout comme certains flash-backs particulièrement malvenus.
Des acteurs bien en deçà des rôles à assumer, un scénario qui semble adapté à la va-vite d'un roman pourtant best-seller (bien qu'adapté PAR l'auteur du best-seller!), des personnages dans l'ensemble fades, un mélange des genres malhabile … que reste-t-il dans ce film qui mérite qu'on en parle ? De la bastoooon ! Sur presque 2h de film, le réalisateur a l'idée brillante d'incorporer quantité de scènes d'action et de combat, dont la virtuosité et les durées satisfaisantes rendent tous les éléments cités plus haut PRESQUE attendrissants. On essaie d'oublier les rires moqueurs qui nous ont secoués pour savourer pleinement quelques véritables bijoux dans la chorégraphie des combats (avec une mention spéciale pour les chevaux et le train), et on sent que le film n'existe que pour le plaisir de voir Lincoln en pleine action. Une fois qu'on adhère à l'absurdité du concept et en occultant une majeure partie du film, on ne peut que saluer l'ingéniosité de ces séquences. Beaucoup de conditions à remplir pour savourer pleinement ces trouvailles, et malheureusement une nouvelle ombre s'incruste dans le tableau : la 3D est quasi- inefficace, même dans ces scènes. En dehors de ces brillantes séquences, le cadre, l'esthétique, le traitement de l'image du reste du film ne sont pas des plus enthousiasmants. On en ressort souriant, entre la gentille moquerie, l'attendrissement et l'éblouissement des combats : un film à voir pour ses scènes d'action absolument brillantes, et à prendre au second degré pour le reste.