Clones
Le 29/09/2009 à 16:40Par Arnaud Mangin
Parfait film du dimanche soir, Clones enfonce des portes dégondées depuis des décennies dans ce qu'il essaye de dénoncer (l'écrasement du confort virtuel sur l'effort réel), mais demeure un honnête divertissement remplissant le cahier des charges sans déborder sur la marge. Du Jonathan Mostow tout craché : efficacement emballé mais vite oublié !
Découvrez ci-dessous la critique de Clones
Alors que vous pianotez actuellement sur votre ordinateur pour naviguer sur votre site d'actualité du cinéma favori, comme tout le monde, vous oubliez presque à quel point internet s'est imposé de façon indispensable dans votre vie, jusqu'à ce que votre déclinaison virtuelle facilite votre vie organique. Sociologiquement on pourrait appeler ça un dérapage, puisque initialement prévu pour faciliter les démarches militaires, l'outil s'est fourvoyé dans le grand public pour que chacun en fasse un peu tout et n'importe quoi, avec le confort d'un bon fauteuil à la maison. Voilà exactement de quoi parle Clones, finalement. Soit un (très léger) regard à peine grossi de cette glandouille, qui nous malmène tous sournoisement, cette adaptation de la BD Surrogates raconte la banalisation dans laquelle monsieur et madame tout le monde est tombé en dirigeant, à distance, la machine parfaite qui la remplace dans ses taches quotidiennes, sans bouger de chez lui. Une marionnette belle, n'ayant besoin d'aucun entretien particulier et encaissant les coups à votre place, alors que son créateur l'avait originellement conçue pour remplacer les soldats sur le terrain ou les handicapés physiques. Jusque là, tout va bien : les avatars se baladent partout et se côtoient comme des profils facebook, mais un grain de sable vient bouleverser ce faux monde parfait : une arme circule et permet de tuer directement un consommateur de chair et de sang si cette dernière est utilisée à même le clone.
Voilà le topo d'un thème archi-hypra-réchauffé à la température maxi, propulsant l'entreprise dans le casier des films dont le discours a 50 ans de retard - la technologie empiète sur notre dernière étincelle d'humanité - mais suffisamment clair dans ses intentions pour calibrer une petite série B correcte. C'est là que Jonathan Mostow entre en action. Un bon bougre, victime de procès d'intention parce qu'il a eu le malheur d'accepter Terminator 3, mais spécialisé dans les consommables vite vus, vite digérés, sans véritables ambitions, mais suffisamment bien emballés pour satisfaire le plaisir instantané. Exactement ce qu'étaient les sympatoches Breakdown et U-571 (sans doute son meilleur film) du même Jonathan Mostow. C'est sans trop de risque qu'il s'exécute au service d'un blockbuster plutôt droit dans ses pompes, puisque c'est exactement ce qu'est aussi Clones. Aucune tromperie sur la marchandise, donc. Rien de maladroit (quoique que le département perruques a dû s'éclater), rien d'honteux, mais rien de réellement ambitieux non plus pour nous faire décoller du siège. Un bon sandwich avec du Bruce Willis dedans !