The Thing
Le 12/10/2011 à 00:01Par Camille Solal
Préquelle ? Suite ? Remake ? Il faut bien avouer que ce The Thing 2011 aura su brouiller les pistes jusque dans son titre, identique à celui de John Carpenter. Malheureusement, il faut bien avouer que le film de Matthijs van Heijningen Jr. (à vos souhaits) ne propose qu'une resucée, certes habile, mais surtout terriblement évidente du film de 1982. Ainsi, ce que les producteurs nomment humblement "références" pourra aisément résonner comme autant de pillage chez le spectateur un tant soit peu cinéphile. "C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure tambouille" dit le proverbe et ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd puisque le scénariste Eric Heisserer (Destination Finale 5) l’a très bien compris. Alors oui vous aurez droit à beaucoup de neige, des fumigènes, de glace, de transformations, d'autopsies et d'un bon nettoyage à grands coups de lance flammes. Oui ce sera court et oui vous sortirez en pensant "Hum, ça casse pas trois pattes à un canard mais c'était plutôt cool...".
S'il n'est évidemment pas exempt de défauts, abusant d’énormes raccourcis (la boucle d’oreille de Joel Edgerton est juste une remarquable insulte à l’intelligence du spectateur), que l’ambiance claustrophobique est quasi-nulle (pourquoi montrer le recrutement et le voyage de Mary-Elizabeth Winstead jusqu'en Antartique ?) et qu’il est prévisible de bout en bout, il faut néanmoins avouer que le film assure sur une chose.... Ahem, la "Chose" justement. Car si "bien sûr" nous sommes en 2011 et que "bien sûr" une partie des animatroniques qui faisaient le charme de l’original a laissé place à toutes sortes d'effets visuels jaillissant à nos yeux par la magie de l'écran vert, il faut avouer que la "Chose" est très bien mise en valeur, tant dans ses animations et transformations que déplacements. C'est simple, elle est à elle seule l'attraction du film ! Et à vrai dire ça tombe plutôt bien, puisque le spectateur aguerri paiera, avant tout, pour la voir dans ses oeuvres. Ainsi, ne passez pas les portes du cinéma en vous disant "Chouette, on va voir les jolies gambettes de la fille qui joue dans Scott Pilgrim !", puisque tous vos fantasmes ne seront que la face immergée de l'iceberg (à savoir celle que vous seul pourrez imaginer). Dans ce The Thing 2011 il n'y aura pas de sexe, pas de romance à l'eau de rose ni même l'ombre d'une émotion, juste de l'action, une pincée de suspens et du gore. Inutile donc d'attendre une interprétation coup de poing de Joel Edgerton (Warrior) ou de Adewale Akinnuoye-Agbaje (Oz) puisque le scénario du film n’est, à aucun moment, propice à une mise en valeur de leur jeu d'acteur respectif. A un rythme soutenu sont donc sacrifiés l'identification du spectateur, son empathie et parfois même son intérêt pour le sort des jolies formes animées qui dansent sur la toile blanche.
En effet le film dure 1h30 et le spectateur ne doit pas s’ennuyer. Exit donc les intenses moments de paranoïa où personne ne se fait confiance et où chacun s’étudie dans son coin. Preuve en est que même l’épisode Projet Artique de la première saison de The X-Files contient des scènes de tensions psychologiques plus poussées et efficaces que le film de van Heijningen Jr. Pourtant, la note d'intention est respectée puisque durant le film on ne s'ennuie jamais vraiment grâce à son parti pris "fun" (un monstre, des morts, du gore et une course-poursuite au lance-flammes). Un choix qui ne plaira certainement pas aux fans du film original, d'autant que celui-ci s'appliquera, en tant que préquelle, à interférer sans vergogne avec l'histoire de R.J. MacReady (Kurt Russell) et son équipe. Ainsi, même si la transition entre les deux films se révèle plutôt maligne (à défaut d'être étonnante), beaucoup pourront penser que cette 'liaison dangereuse', menée par le fameux chien de traineau du premier opus, est finalement à l'image du film : une vaste opération mercantile. A ceux-là il faudra donc beaucoup de recul et d'indulgence pour dénicher quelque part dans cette "version 2011" de quoi se sustenter.