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Maniac, plus qu'un cheveu sur la soupe ?

Le 17/12/2012 à 11:49
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Notre avis
8 10 Film choc et incontestable réussite formelle, Maniac aurait néanmoins mérité un meilleur traitement de fond pour devenir plus qu'une illustration efficace et percutante de la violence. Malgré ces quelques défauts, ce remake propose un voyage sans concessions d'une heure et demi dans l'esprit torturé d'un psychopathe halluciné (avec tous les inconvénients que cela comporte), on en ressort forcement lessivé. C'est pourquoi Maniac 2012 fera sûrement date dans le cœur (ou dans les tripes) des amateurs d'horreur. Découvrez ci-dessous notre critique complète du film Maniac.

Critique : Maniac

Maniac : Critique (2013)

 

Tenter un remake de Maniac, le slasher culte de William Lustig, c'est le pari risqué que se sont lancés les producteurs Alexandre Aja (mieux connus pour avoir réalisé Haute Tension et l'excellent remake de La Colline à des yeux) et Thomas Langmann, qui a récemment frappé très fort en donnant les moyens de son ambition à The Artist. Pour ceux qui l'ignoreraient, c'est en 1980, avec Joe Spinell dans le rôle du-dit Maniac, que sort ce petit film qui allait devenir l'Alpha d'un genre désormais incontournable de l'horreur. Hissé au rang d'oeuvre culte par les amateurs grâce à son ambiance malsaine et ses effets gore signés Tom Savini (qui a littéralement donné de sa personne dans une scène où la tête du maquilleur explose en slow motion sous l'impact d'une cartouche de shotgun), le film de Lustig n'a pas moins perdu de sa superbe en trente ans de bons et loyaux sévices. Une mise à jour n'était sans doute pas une mauvaise idée d'autant que ce nouveau Maniac se place d'office comme un hommage sincère visant avant tout à conserver l'ambiance et l'esprit résolument transgressif de son illustre aïeul.

 

Critique : Maniac

Maniac, pour l'amour du cheveu

 

Dès le générique, nous voilà de retour trois décennies plus tôt. Au volant de sa voiture, Frank Zito (Elijah Wood) traque sa proie dans la jungle de New York sur un morceau aux sonorités typiquement 80's. On se prend à penser à Taxi Driver, au bien plus récent Drive aussi. Mais un Drive côté obscur, rythmé par le son gothique de ROB, le génial compositeur de Belle Épine. La victime est depuis longtemps sélectionnée, pour reprendre les mots d'un autre serial killer célèbre : « Ce soir c'est le grand soir ». La filature se déroule au travers des yeux du tueur (comme 90% du film). A ce stade, on ne connaît du nouveau Frank Zito que le son rauque de sa respiration et l'aspect peu ragoûtant de ses mains. Le reste, on le découvrira au fil des miroirs et autres rétroviseurs qui croiseront sa route. Si la caméra subjective, principale différence avec le film de 1980, a bien un mérite, c'est celui de décupler l'impact de la violence à l'écran et le film n'est pas avare sur ce point. En le plaçant aux premières loges, le réalisateur Franck Khalfoun (responsable du malheureux 2ème Sous -Sol), annihile toute distanciation possible, coupe toute échappatoire en transformant le spectateur en acteur impuissant de scènes toujours crues, souvent cruelles.

 

Autre temps autres mœurs, c'est désormais via internet que le tueur sélectionne le scalp qui aura « l'honneur » de venir orner le chef de son prochain mannequin. Parce que les psychopathes de la taille d'une petite maison qui déambulent dans les rues de New York en traînant leur victime par les cheveux comme au temps des cavernes, ça a tendance à perdre en crédibilité, la production a choisi Elijah Wood pour incarner ce Frank Zito 2.0. Breaking News : un jouvenceau portant la raie au milieu inspire plus confiance qu'un moustachu à l'œil vagabond de la carrure de Joe Spinell. Jusqu'ici, la logique est sauve.

 

Critique : Maniac

Elijah Wood : Rien que pour vos cheveux

 

 

Elijah Wood pour le profane c'est, au choix, le gentil garçon dévoué, un poil candide façon Hobbit ou le très déséquilibré Kevin de Sin City. Un acteur bipolaire, s'il en est, dont les grands yeux passent en un battement de cils de la perversité extrême au puits d'innocence sans fond. La logique voudrait, le titre du film aussi, que nous ayons à faire à Mister Wood plutôt qu'au Docteur Jah et pourtant, c'est bien pour ses « deux faces » qu'Elijah Wood a été (très judicieusement) casté. Dès lors, on comprend le choix du « petit » acteur pour remplacer le géant Joe Spinell, implacable machine à scalper, pourfendeur de follicules et de pellicules sans distinction, du slasher original et originel.

 

 

Il s'agit de nuancer le personnage du tueur en le faisant constamment basculer du rôle de prédateur à celui de proie de ses propres déviances. Un état de schizophrénie permanent accentué par sa romance naissante avec Anna (la française Nora Arnezeder), avec laquelle il partage sa fascination pour les mannequins. Le remake tombe ici dans les écueils de son modèle et n'offre qu'un traitement de surface à cet aspect du scénario qui aurait certainement donné plus de profondeur au personnage de Frank Zito. Malheureusement, il ne dépasse jamais le stade embryonnaire. Idem pour le traumatisme infantile qui est à l'origine de cette foire au cheveu : souvent montré, jamais approfondi.

 

De menues faiblesses scénaristiques qui n'enrayent pas la machine Maniac tant l'expérience proposée est intense, qu'on la cautionne ou pas. Film choc et incontestable réussite formelle, il manque cependant l'étincelle de génie qui ferait basculer ce remake du statut de plaisir coupable à celui de chef d'œuvre.


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