Ninja Turtles : "On est là pour RI-GO-LER" [Critique]
Le 15/10/2014 à 13:09Par Jonathan Butin
S'il est parfois grotesque et bourré d'incohérences, Ninja Turtles assure toutefois là où on l'attendait : le fun et l'action. On prend plaisir à (re)découvrir les personnages attachants crées par Kevin Eastman et Peter Laird dans une version sous amphétamines qui parvient pourtant miraculeusement à conserver et surtout à faire transparaitre à l'écran les personnalités, certes stéréotypées, mais toujours aussi séduisantes de ses héros. Découvrez ci-dessous notre critique du film NINJA TURTLES.
Près de 25 ans après leur première apparition au cinéma, les quatre tortues d'enfer quittent la ville pour s'installer sur grand écran. Réalisé par Jonathan Liebsman (La Colère des Titans) avec Megan Fox dans la veste jaune d'April O'Neil et produit par Michael Bay, Ninja Turtles est un film pop-corn totalement assumé. De quoi nous faire « kawabunguer » toute la soirée ?
L'Histoire du Film...
Mais le plus beau dans tout ça c'est que la genèse de ces héros des temps modernes imaginés par Kevin Eastman et Peter Laird avait une certaine cohérence. Elle parvenait a tisser un lien étroit entre les tortues, leur maître-rat Splinter et le principal antagoniste de la franchise, Shredder le bien-nommé (littéralement « Déchiqueteur »), un puissant samouraï à l'armure équipée de griffes acérées. Dans cette version, l'originale, Splinter était le rat de compagnie de Shredder, duquel il a appris par mimétisme le ninjutsu qu'il inculquera lui-même par la suite - et grâce aux substances auxquelles ils ont été exposés – à ces petites tortues qu'il a recueillies. Ces mêmes tortues qui allaient être amenées à combattre Shredder, complétant ainsi le cercle.
Ninja Turtles prend le parti risqué de bousculer la mythologie en faisant du rat érudit et de ces fiers reptiles les animaux domestiques d'April O'Neil. Une chose en amenant une autre, Splinter, qui n'a pourtant rien d'un rat de bibliothèque, se retrouve à apprendre les arts martiaux via un livre trouvé dans les égouts... Il va sans dire que l'unique but de la manœuvre est de laisser un maximum de place à l'écran à la sculpturale Megan Fox. L'autre conséquence malheureuse qui découle de ce choix est la relégation de Shredder (Tohoru Masamune, aperçu brièvement dans Inception) au rang de «méchant-interchangeable-à-l'intérêt-inversement-proportionnel-à-l'éclat-de-son-armure». William Fichtner (Prison Break) alias Méchant #2 a beau avoir plus de lignes à prononcer, ça ne lui donne pas d'avantage de grain à moudre tant les motivations de son personnage sont confuses (le mec possède déjà tout ce que la fortune peut acheter mais veut plus...d'argent. Sérieusement ?!).
Ninja Turtles a des incohérences de ce genre plein la carapace mais il parvient, et c'est là l'essentiel, à garder intactes les identités des protagonistes qui comptent. Un point primordial lorsqu'il s'agit de dépoussiérer une franchise qui doit son succès aux personnalités hautes en couleurs de ses héros. Et si leur nouveau look ne fait pas l'unanimité; derrière le bandeau, les quatre ninjas sont les mêmes tortues que celles avec qui vous avez peut-être grandi.
Leonardo, en bleu, est toujours le leader. Raphaelo, paré de rouge, le rebelle. Donatello, bandeau violet, le cerveau. Et Michelangelo, l'atout humoristique dans le film et depuis toujours, est en orange. L'époque n'est certes plus la même et les tortues, en éternelles adolescentes, se sont mises au hip-hop et matent des vidéos de chats marrants sur le net mais la relation fraternelle qui les unit, au même titre que l'amour filial qu'ils portent à leur Maître Splinter sont tout aussi palpables que 20 ans auparavant. En contre-partie, le film se met au diapason de l'apparence plus musclée des tortues. Michel Bay oblige, l'action se taille la part du lion et culmine avant même le final avec une course poursuite enneigée, effrénée et honteusement jouissive qui s'émancipe de la plus vague notion de réalisme. Une scène qui résume d'ailleurs à elle seule Ninja Turtles, un film absurde et plaisant. Le seul pré-requis en ce rendant à la séance étant de garder en tête ce précepte fondamental, issu du générique de la série animée de 1987 : « On est là pour RI-GO-LER »!