Les 4 Fantastiques : enfin une adaptation à la hauteur ? - notre critique
Le 22/07/2025 à 21:11Par Pierre Champleboux
Avec Les 4 Fantastiques, Marvel brise enfin la malédiction des adaptations ratées de la première famille de super-héros. Porté par une réalisation soignée de Matt Shakman et un respect fidèle des comics, notamment l’arc iconique The Galactus Trilogy, ce film se hisse parmi les meilleures productions du MCU. Visuellement époustouflant, rythmé, avec des personnages proches de leurs versions papier et un casting convaincant, il offre un spectacle familial et intelligent, malgré un scénario un peu trop classique (mais brillamment filmé) et une scène post-générique un peu bancale. Les fans des Fantastic Four et les amoureux de comics à l’ancienne devraient y trouver leur compte : c’est une réussite qui donne envie de voir la suite.
Après des décennies d’adaptations bancales, du sympathique nanar produit par Roger Corman aux films tièdes des années 2000 en passant par le nullissime reboot de 2015, Les 4 Fantastiques version 2025 marque un tournant.
Sous la houlette de Matt Shakman (WandaVision), le MCU livre enfin une version digne de la cultissime équipe créée par Stan Lee et Jack Kirby.
Exit les errances des précédents opus : ce reboot, ancré dans l’esprit des comics originaux, est une ode au grand spectacle, à la fois respectueux de sa source et accessible à tous.
Un départ qui pose les bases avec brio
Dès les premières minutes, Les 4 Fantastiques se démarque des standards Marvel. Oubliez le sempiternel générique aux pages de comics qui se tournent : ici, un élégant logo bleu, celui de l’affiche, plante le décor.
Le film s’ouvre sur une idée rusée : les Quatre Fantastiques sont déjà en activité depuis quatre ans, et leurs origines nous sont racontées via un montage d’images d’archives diffusé lors d’une émission de télé.
Une introduction efficace, qui évite les longueurs tout en posant un univers crédible. Une idée récemment vue dans le Superman de James Gunn, mais exécutée ici de façon bien plus fluide, avec une présentation des personnages et de leur univers qui ne perd pas le spectateur néophyte.
Le scénario, inspiré de l’arc The Galactus Trilogy, suit une trame classique mais solide : la Surfeuse d’Argent (Shalla-Bal, une réinterprétation feminine du personnage) annonce l’arrivée de Galactus, le dévoreur de mondes, et les Fantastic Four doivent tout faire pour sauver la Terre… ce qui ne sera pas une mince affaire, d’autant que Sue Storm est sur le point d’accoucher.
Certes, l’histoire ne révolutionne pas le genre. Mais elle reste fidèle aux comics, reprenant même lors de quelques plans iconiques certaines des couvertures cultes de Jack Kirby. Un respect de la source combiné à un rythme haletant et à des personnages charismatiques qui fait qu’on ne s’ennuie jamais. Pas de ventre mou, pas de perte de temps. On va droit au but, quitte à en oublier parfois de creuser certains points.
Visuels léchés et casting au top
Visuellement, le film est une claque. Les décors, des intérieurs 60´s stylés aux paysages cosmiques, sont magnifiques, et les effets spéciaux, souvent décevants dans les récentes productions Marvel, atteignent ici des sommets.
Le design de Galactus, entité colossale et terrifiante, rend justice à sa stature mythique, tandis que la Surfeuse, incarnée avec une aura inquiétante, apporte une gravité qui faisait cruellement défaut au film de 2007.
Les costumes, modernes mais fidèles aux comics, renforcent l’immersion dans cet univers coloré et bigger-than-life délicieusement rétro.
Côté casting, les doutes autour de Pedro Pascal en Reed Richards s’envolent rapidement.
L’acteur campe un Mr. Fantastic crédible, à la fois brillant et humain, malgré ses difficultés à composer avec ses proches lorsque les enjeux deviennent trop importants.
Vanessa Kirby brille en Sue Storm, véritable pilier de l’équipe, assumant un rôle de leader avec une autorité naturelle.
Joseph Quinn, en Johnny Storm, incarne à la perfection la fougue agaçante mais attachante de la Torche Humaine, tandis qu’Ebon Moss-Bachrach donne à Ben Grimm une profondeur bourrue et touchante.
Les seconds rôles ne sont pas en reste : Paul Walter Hauser, en Homme-Taupe, revisite ce vilain classique avec panache, rendant attachant ce personnage qui ne l’est pourtant pas tellement sur le papier.
Un blockbuster à l’ancienne, avec du cœur
Matt Shakman signe une réalisation soignée, transformant même des séquences improbables – comme un accouchement dans l’espace – en moments captivants.
La bande-son, évoquant les grandes BO des blockbusters des années 80 et 90, insuffle une énergie épique qui colle parfaitement à l’ambiance.
Contrairement à certains films MCU récents, l’humour est ici distillé avec parcimonie, laissant place à l’émotion et à l’action.
Les clins d’œil aux comics et aux précédentes adaptations (comme les caméos discrets des acteurs du film de Corman) sont subtilement intégrés, évitant le fan-service trop appuyé.
Seul bémol : le scénario, bien que solide, manque parfois d’audace. Certains personnages secondaires, comme l’Homme-Taupe, auraient mérité plus de développement, et la première scène post-générique, qui tease un futur antagoniste (on taira son nom pour éviter les spoilers), semble maladroite, comme un ajout forcé qui ne pose pas de bases claires pour la suite. Dans les faits, on a encore un peu de mal à comprendre comment les Fantastic Four vont pouvoir s’intégrer au reste du MCU, et quel était le sens de l’ultime séquence des Thunderbolts.
L’absence de Fatalis, seulement évoqué via la Latverie, pourra aussi décevoir les puristes, même si elle permet au film de se concentrer sur Galactus et de se suffire à lui-même. On se demande simplement comment le personnage sera introduit par la suite sans qu’on ressente un sentiment de rush, étant donné qu’à l’heure actuelle, il n’existe tout simplement pas.
Une famille de héros enfin à sa place
Les 4 Fantastiques réussit là où ses prédécesseurs ont échoué : rendre justice à la première famille Marvel tout en offrant un spectacle accessible à tous.
Ce n’est pas le film le plus révolutionnaire ni le plus audacieux du MCU, mais il compense son classicisme par une exécution soignée, un respect des comics et une énergie communicative.
Comparé à d’autres productions récentes, comme le Superman de James Gunn, qui peinait à introduire son univers, ce reboot trouve le parfait équilibre entre nostalgie et modernité.
Les fans des Quatre Fantastiques devraient y retrouver l’essence de cette famille pas comme les autres, et les néophytes se surprendront à vibrer devant cette aventure cosmique à l’aspect retrofuturiste.
Au final, Les 4 Fantastiques est une franche réussite, qui brise la malédiction des adaptations ratées et pose des bases prometteuses pour la suite. Si Marvel continue sur cette lancée, on peut espérer du très bon pour la suite du MCU. En attendant, c’est un blockbuster à l’ancienne, intelligent et généreux, qui mérite amplement le détour.