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Crying Fist

Le 01/07/2008 à 18:04
Par
Notre avis
8 10

Un an avant City of Violence, Ryoo Seung-Wan revisite à sa manière le genre du film de boxe en confrontant l'univers du sport à la misère sociale et affective de deux losers. On obtient Crying Fist, un film d'une étonnante sincérité porté par un duo de comédiens épatants et ponctué de scènes de combat impressionnantes de violence, de virtuosité et de réalisme. A ce jour le meilleur film du cinéaste.

 

 


Critique Crying Fist

On savait le cinéma sud-coréen touche-à-tout en matière de genres cinématographiques hollywoodiens et il n'y avait pas de raison que le film de boxe fasse exception à la règle. En 2002, Kwak Kyung-Taek s'y frottait déjà avec Champion, biopic inspiré de la vie du célèbre Kim Deuk-Gu et qui malgré d'indéniables qualités ne transformait pas l'essai. Trois ans plus tard, Ryoo Seung-Wan s'essaie à son tour à cet exercice avec Crying Fist et réussit exactement là où son confrère avait échoué. Alors âgé de trente-deux ans seulement, le futur réalisateur de City of Violence ne cherche nullement à calquer son film sur le schéma imposé par ses prédécesseurs et se réapproprie le genre pour raconter une histoire originale et surtout d'une étonnante sincérité. Ce qui ne l'empêche pas de renouer avec les origines du film de boxe puisque Crying Fist s'inscrit directement dans la lignée d'un certain Rocky (John G. Avildsen), en confrontant la misère sociale de ses personnages à l'univers du sport mais aussi en délivrant des scènes de combat choc et surprenantes de réalisme.

 

Critique Critique Crying Fist

 

C'est l'histoire de deux marginaux dans le Séoul d'aujourd'hui, deux hommes écorchés par la vie en pleine descente aux enfers. D'un côté, Gang Tae-Sik (Choi Min-Sik), un quarantenaire au chômage, entraîne sa famille dans l'endettement jusqu'à ce que son épouse, lassée de ses accès de violence, le mette à la porte. A la rue, désespéré de ne plus voir son fils, Tae-Sik décide de gagner sa vie en se transformant en punching ball humain pour les passants. De l'autre côté, Sang-Hwan (Ryoo Seung-Beom), un jeune délinquant violent et introverti, rackette les jeunes de son quartier. Mais suite à une agression qui tourne mal, il se fait coffrer par la police. En prison, Sang-Hwan refuse les visites, à commencer par celles de son père, et se retrouve rapidement placé en isolement pour cause de violence envers ses co-détenus. Au premier abord, Tae-Sik et Sang-Hwan n'entretiennent aucun lien. Pourtant, ils seront amenés à se rencontrer sur un ring pour un affrontement flamboyant au cours duquel chacun devra vaincre ses propres démons. A la manière d'un film choral, Crying Fist met en parallèle les parcours de ces deux losers en puissance en adoptant leur point de vue respectif, le regard empreint d'empathie porté sur eux annihilant d'emblée toute tentation de les juger. En même temps qu'ils condamnent leurs chances de s'en sortir, Tae-Sik comme Sang-Hwan s'excluent progressivement du monde social, comme s'il leur était nécessaire de rompre tout lien affectif et de toucher le fond afin de se reprendre en main.

 

Critique Critique Crying Fist

 

On l'a deviné, Tae-Sik et Sang-Hwan devront leur salut à la pratique de la boxe, qui les aidera par la même occasion à renouer avec leur entourage respectif, famille ou amis, seule manière pour chacun de relever la tête. Soyons clair, Crying Fist n'est pas un film sur la boxe, ni même sur la glorification de la rigueur ou du dépassement de soi. La discipline de la boxe est ici transcendée pour se retrouver investie d'une portée métaphorique, la progression sportive des deux hommes faisant constamment écho à leur parcours intérieur, à leur reconstruction psychologique et affective. L'un des points forts du film réside dans l'interprétation de deux comédiens au sommet de leur jeu, qui incarnent véritablement leurs personnages respectifs. Connu des Français pour ses prestations marquantes dans Ivre de femmes et de peinture (Im Kwon-Taek) ou encore dans le très culte Old Boy (Park Chan-Wook), Choi Min-Sik trouve ici un rôle de loser entretenant quelques parentés avec celui qu'il tenait déjà dans l'émouvant Failan (Song Hae-Sung) trois ans auparavant. Pour autant, Choi ne donne jamais l'impression de se répéter et déploie une fois encore une puissance de jeu intimidante. Mais c'est surtout Ryoo Seung-Beom, le frère cadet de Ryoo Seung-Wan, qui surprend le plus, au point qu'il menace plus d'une fois de voler la vedette à son opposant. Lui que l'on croyait cantonné au registre comique (Arahan, Conduct Zero) révèle une facette de son jeu insoupçonnée. Mutique, le regard sombre, Ryoo Seung-Beom est méconnaissable et semble animé d'une véritable rage intérieure.

 

Critique Critique Crying Fist

 

Si les scènes dramatiques trouvent en grande partie leur force dans une réalisation exigeante enchaînant les longs plans caméra à l'épaule, les mêmes partis pris artistiques sont appliqués aux séquences de boxe, impressionnantes de réalisme. Après un détour par les fantaisies câblées dans Arahan, Ryoo Seung-Wan revient vers un style d'action plus violent et terre à terre, retrouvant une fois encore le chorégraphe Jeong Du-Hong, avec lequel il travaille depuis No Blood No Tears, pour nous plonger sans ménagement au cœur de l'action. D'une lisibilité stupéfiante, entretenant une véritable proximité avec les combattants, ces séquences comportent quelques plans d'anthologie s'étalant parfois sur plusieurs minutes, tandis que les acteurs se donnent littéralement à fond, Choi Min-Sik au même titre que Ryoo Seung-Beom. Dans un souci permanent de réalisme, les bruitages conservent leur sécheresse naturelle - exit les impacts tonitruants des productions hollywoodiennes. La composition musicale se fait de plus présente à mesure que les personnages extériorisent leurs émotions, tandis que l'esthétique offre des tonalités de plus en plus vives, la dernière séquence jouant sur des contrastes qui ne sont pas sans rappeler le style visuel de City of Violence. Et si ce dernier permettra un an plus tard à Ryoo Seung-Wan d'étendre sa renommée à travers le monde, Crying Fist reste à ce jour son œuvre la plus puissante.







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