Deauville 2009 : The Informant!
Le 09/09/2009 à 16:42Par Elodie Leroy
Découvrez ci-dessous la critique de The Informant!
Après le drame The Girlfriend Experience et surtout le diptyque Che, parenthèse historique ambitieuse qui a valu à Benicio del Toro le pris d'interprétation à Cannes, Steven Soderbergh revient vers le genre de la comédie avec The Informant!, dont l'histoire s'inspire de faits réels et plus précisément du scandale survenu dans les années 90 autour de la société Archer Daniels Midland. Alors que nous craignions un second Erin Brockovich (excellent au demeurant), un carton nous avertit ironiquement dès le tout début du film que les faits et les personnages ont été tout naturellement romancés, une façon d'annoncer la couleur sur le ton qui prédominera pendant toute la durée du métrage. Un ton enlevé et décalé qui confère à ce gigantesque scandale industriel des allures de farce.
Outre les rouages de l'arnaque financière orchestrée par la société ADM et ses concurrents, qui se voient retracés de manière en fin de compte linéaire, voire conventionnelle, The Informant! s'intéresse surtout à Mark Whitacre, la taupe qui a permis au FBI de coincer les fraudeurs au moyen d'un travail d'espionnage de longue haleine. Campé par Matt Damon, tout simplement méconnaissable, ce joyeux luron d'apparence naïve devient de rebondissement en rebondissement le moteur de l'intrigue de par son rôle clé dans cette affaire qui s'avère finalement recéler de multiples tiroirs. Le caractère singulier de Whitacre et le glissement progressif du regard porté sur lui - d'abord complice puis distancié - constituent au bout du compte l'attraction majeure de ce film traversé par juste ce qu'il faut de fantaisie pour se montrer divertissant et amusant sans jamais que le fond de l'histoire ne soit décrédibilisé.
Si The Informant! possède une telle énergie, c'est parce que chaque élément de la mise en scène de Steven Soderbergh est en alchimie parfaite avec son acteur principal, Matt Damon, qui se prête magistralement au jeu avec un humour savoureux, ses seules expressions étant à l'origine de grands moments d'hilarité chez le spectateur. Il est secondé par un casting au diapason avec le ton léger du film, casting au sein duquel on aura le plaisir de retrouver Scott Bakula. Film bavard porté par une bande son très sixties qui participe énormément au charme du film, The Informant! ne constitue certes pas le film le plus mémorable de Soderbergh mais prouve que le cinéaste n'a décidément rien perdu de son panache.