Down by Law
Le 02/10/2007 à 16:01Par Sabrina Piazzi
Down by Law est une quête inconsciente de l'amitié doublé d'un film sur le droit à la deuxième chance. Sans doute le plus beau film de Jim Jarmusch.
I scream, you scream, we all scream for ice cream
Après la Caméra d'Or de Stranger than Paradise, le cinéaste américain Jim Jarmusch signe sans doute l'un de ses plus beaux films avec Down by Law en 1986.
Tourné en Louisiane, le film constitue la rencontre improbable entre trois hommes issus d'univers différents. Dans le rôle de Roberto l'italien, on retrouve Roberto Benigni, véritable tornade d'humour et de sensibilité dévastant le quotidien carcéral d'un DJ (Tom Waits) et d'un proxénète (John Lurie), emprisonnés par erreur.
Comme dans ses précédents films, les personnages principaux échappent à quelque chose sans savoir où aller. Dans Down by Law, le cinéaste délaisse New York pour installer son histoire dans les bayous de la Louisiane. Une fois de plus, les personnages principaux demeurent enfermés (la cellule remplace les appartements confinés de Permanent Vacation et Stranger than Paradise), ils se perdent en s'évadant mais ne savent pas où aller. Quand ils passent la nuit dans une cabane, elle est la réplique exacte de leur cellule, barreaux aux fenêtres (celle qu'avait dessinée Roberto deviendra réelle) et disposition des lits identique. Les trois Pieds-Nickelés ont beau prendre la poudre d'escampette, la prison restera malgré tout gravée en chacun d'eux. Ils reprennent inconsciemment la place qu'ils occupaient sur leur lit respectif.
Au bout du chemin, Roberto trouvera l'amour en la personne d'une belle italienne tenant un petit snack perdu. Ses deux compères, Jack et Zack partiront chacun de leur côté sans savoir où les mènera leur route respective. Où est l'Ouest, où est l'Est ? Avant de se séparer, ils échangeront leur veste comme après une rencontre sportive ou un affrontement en signe de respect acquis l'un envers l'autre en cours de route. Jack et Zack ne sont pas aussi éloignés qu'on peut le croire au début du film. Même leur prénom diffère d'une seule lettre. Le problème de leur mésentente provient de leur impossibilité à communiquer. Etre en présence de l'autre leur suffit mais ces deux êtres s'apprivoiseront à force de vivre ensemble. L'élément catalyseur viendra de Roberto pour qui ils se prennent finalement d'affection.
Jim Jarmusch réalise un film où règne le métissage des cultures. L'italien optimiste parviendra à amadouer ses deux compagnons de cellule, au départ réfractaires, et même à les faire se respecter. John Lurie et Tom Waits excellent et leur entente avec Benigni ne semble jamais feinte. C'est sans doute ce qui fait la grande réussite de Down by Law : une grande évasion constamment poétique de trois Pieds-Nickelés, livrée dans un écrin dessiné par Jim Jarmusch et photographié par Robby Müller.