Dredd
Le 24/09/2012 à 13:03Par Camille Solal
Notre avis
Critique : Dredd
NDLA : La critique qui suit a été faite suite à une projection de Dredd en 2D lors d'une avant-première internationale dans le cadre de la cérémonie de clôture de l'Etrange Festival 2012. Il ne sera donc, et ce à aucun moment, question de la qualité de la version 3D du film.
Au coeur d’une mégalopole futuriste, le juge Dredd part enquêter avec une novice sur le meurtre de trois dealers en plein coeur d’une tour de 200 étages dirigée d’une main de fer par Ma-Ma, une marraine de la drogue crainte de tous. En route vers le central après avoir appréhendé un suspect qui n'est autre qu’un soldat de Ma-Ma, les deux juges se retrouvent bientôt enfermés dans la tour et traqués par l'armée personnelle de la maîtresse des lieux, bien décidée à ne pas laisser un témoin clé de son organisation aux mains de la justice. Mais ce que la grande baronne de la drogue ne sait pas encore, c’est qu’elle s’attaque ici au plus fervent défenseur de la loi, une véritable machine de guerre qui préfèrera toujours l’attaque à la fuite...
Si au premier abord le pitch de ce Dredd 2012 peut paraître simpliste, c'est parce que Pete Travis et Alex Garland ont décidé de faire abstraction de toute intrigue secondaire en éludant les origines du personnage, la nature de sa vision si personnelle d'une société "juste" ou bien encore en balayant toutes pistes scénaristiques à base de relations sentimentales ou de quelconques drames personnels. En évitant soigneusement les fioritures classiques et inhérentes aux reboots cinématographiques contemporains, le duo en profite pour concentrer son énergie vers un seul but : réaliser un film intense, explosif et sévèrement burné. Et c'est bien évidemment dans ce parti-pris "100% action" que réside le véritable tour de force du film avec ses nombreux combats dans lesquels la chair est meurtrie lors de corps à corps musclés, déchiquetée dans des gunfights nerveux et sanglants ou éclatée aux quatre coins de l’écran par des explosions impressionnantes. Autant dire qu’il est à la fois étonnant et très plaisant de voir dans une grosse production des morceaux de cervelle gicler, des corps torturés et des êtres démembrés !
Construit comme un jeu-vidéo dans lequel nos deux héros doivent grimper les étages en affrontant et décimant une armada de bad guys armée jusqu'aux dents afin de déloger le boss tyrannique qui vampirise la cité, Dredd fourmille d'idées qui finissent de cristalliser un univers futuriste et post-apocalyptique particulièrement intéressant. On notera ainsi la présence d'un mutant doté de pouvoirs psychiques, de l'arme multi-fonctions des juges qui fait office de véritable couteau suisse, ou bien encore celle du Slo-Mo, une drogue conçue et vendue par Ma-Ma qui freine par cent toute perception du temps et dont la consommation est imagée par des ralentis aux couleurs étincelantes qui adoucissent quelque peu le rythme particulièrement soutenu du film.
Si certains pourront ne pas adhérer à la froideur du personnage principal, sorte d'anti-John McClane de Piège de Cristal dans sa capacité à ne pas émaner ni ressentir la moindre émotion et s'ils pourront aussi ne pas accrocher au jeu d’acteur volontairement "over the top" de Karl Urban avec sa grosse voix et sa moue boudeuse, ils pourront néanmoins aisément être intrigués par ce monde métallique et chaotique, pourri jusqu'à l'os et pseudo-gouverné par une effrayante et paradoxale justice fasciste. Prisonniers de cette guerre de tranchée pour le moins claustrophobique, on en vient d'ailleurs rapidement à imaginer (et espérer) un deuxième opus qui nous propulserait à l'extérieur de ces tôles froissées, dans les rues surpeuplées de Mega-City One ou bien encore dans le désert irradié qui entoure la mégacité, suivant les nouvelles péripéties du Juge Dredd qui appliquerait encore et toujours la loi à la force de son gun.
Qui l'eut cru ? Alors que Dredd s'annonçait comme une véritable catastrophe suite au limogeage du réalisateur Pete Travis lors de la post-production, le film se révèle être une bien belle petite pépite d'action couillue valant le détour autant pour son univers et sa musique que pour son étonnant style graphique chargé d'une violence à la limite du gore. Certes la réalisation n'atteint pas les sommets du genre mais le montage nerveux demeure un véritable régal pour les pupilles et nous fera attendre (assez fébrilement) le reboot de RoboCop qu'on espère au moins aussi extrême. Finalement, dans tout cet amoncellement de qualités on ne regrettera véritablement qu'une seule petite coïncidence malheureuse : son accointance scénaristique avec The Raid, l'autre film coup de poing de cette année 2012.