Du sang dans la poussière

Richard Fleischer met en scène un western crépusculaire narrant l'éternelle histoire du passage à l'âge adulte et la perte de l'innocence de trois jeunes garçons trouvant un père spirituel en la personne d'un vieux truand incarné par l'immense Lee Marvin. Pour le cinéaste, les fripouilles de l'Ouest ne sont plus ce qu'elles étaient, les attaques de banque foirent et les « héros » idéalisés par la jeune génération sont à bout de souffle. Dépassés par les évènements, les vieux briscards n'hésitent pas à trahir leurs équipiers contre une amnistie promise pour sauver les meubles. C'est ainsi la fin de l'âge d'or du western hollywoodien, un regard critique du Far West autrefois glorifié par John Ford ou Raoul Walsh. La légèreté et la naïveté de la première partie laissent place à l'amertume puis aux désillusions jusqu'au dénouement poignant et imprévisible où la violence pointe au moment le plus inattendu. Si la mise en scène ne brille finalement pas par son originalité, les comédiens sont exceptionnels et cette relecture du genre est digne de figurer parmi les plus grandes réussites du réalisateur.