Hanté par ses ex

Mark Waters fait assurément partie de ces travailleurs de l'ombre qui arrivent à nous rappeler à chacun de leur film qu'ils valent certainement mieux que l'étiquette de yes-man qu'ils se laissent hâtivement coller sur le front. Après la comédie fantastique survoltée qu'était Freaky Friday, le teenage movie malin Lolita malgré moi, la romance "Ghost-ienne" Et si c'était vrai et les très savoureuses Chroniques de Spiderwick, voilà que le garçon pioche dans sa propre filmo pour en tirer le meilleur et nous offrir Hanté par ses ex, comédie fantastique matinée de romance et d'histoire de fantômes. C'est ce qu'on appelle communément le recyclage, et comme chez Filmsactu on a la fibre écolo, ce n'est pas pour nous déplaire. Loin de là.

Hanté par ses ex raconte l'histoire d'un salaud de la pire espèce : le salaud qui sait qu'il l'est et qui en joue. Connor Mead (Matthew McConaughey) est un fêtard, cynique et misogyne qui ne respecte pas grand-chose dans la vie si ce n'est lui-même. Invité un week-end au mariage de son frère, il va sciemment ruiner les festivités en faisant étalage de quelques philosophies fumeuses et faussement anticonformistes dont les hommes de son genre sont friands. Aussi étrange que cela puisse paraître, quelques minutes après avoir ruiné le plus beau jour de la vie de son frère et de sa mie, il reçoit la visite du fantôme de son oncle Wayne (Michael Douglas), sorte de Barney Stinson décrépi qui fut un modèle pour le jeune Connor. Tel le roi Hamlet, celui-ci l'informe que durant la nuit, il recevra la visite de trois fantômes "Dickensiens" qui devraient tournebouler sa vision du monde à jamais. Et bingo, en se voyant offrir un léger recul sur sa vie et ses actions passées, Connor comprendra qu'il a été un salaud, et qu'il a certainement loupé quelque chose dans sa vie.

Pour peu que l'on accepte son postulat gentiment fantasque et les quelques réflexes de sur-jeu d'un Matthew McConaughey décidemment abonné aux rôles "antipathiques mais finalement pas tant que ça", Hanté par ses ex se révèle être une comédie fort recommandable. Certes bourrée de bon sentiments et de quelques facilités stylistiques (la musique par exemple), cette jolie petite histoire dispose cependant de très belles séquences qui arriveront souvent à faire mouche, grâce notamment aux capacités de Waters à rendre crédibles et imaginatives les intrusions du fantastique dans le quotidien. Dans ce voyage à la fois temporel et introspectif, le metteur en scène alternera poésie et nostalgie pour donner naissance à un film assez singulier, disposant qui plus est d'une petite touche old school qui n'est pas sans rappeler quelques comédies Columbia-Tristar des années 90. Rajoutez à cela une Jennifer Garner pétillante aux faux airs de Gena Davis, et vous obtenez un film fort appréciable, un peu fleur bleue et pas trop mesquin, qui vient à bout de son cahier des charges tout en délivrant une bonne dose de sincérité. Définitivement pas mémorable, mais indéniablement sympathique. Encore un film réussi pour Waters !