Hellboy 2019 "est-il la pire adaptation d'un comic book ever" ? Critique qui voit rouge

Hellboy est... difficile. Et un bordel pas possible de CGI dégueulasses qui semblent avoir été  bêtement empilés les uns sur les autres. Beurk.

Pourtant on avait envie d'aimer ce film. Déjà parce qu'il a été lapidé par les fans de del Toro dès l'annonce de son développement et du casting de David Harbour en démon (acteur que l'on aime bien ici). Puis par la présence aux commandes de Neil Marshall, l'un de ces artisans fan de série B, de fantastique et d'horreur que l'on aime défendre dans les pages du site.

Petit rappel du CV du monsieur : Dog Soldiers en 2002 (des soldats désespérés contre des créatures sans pitié), The Descent en 2005 (un must), Doomsday en 2008 (son Snake Plissken féminin), Centurion en 2010 (Michael Fassbender dans un survival en Ecosse à l'époque romaine) puis des épisodes de Game Of Thrones,  Black Sails, Hannibal, Westworld, Lost In Space...

Tout cela pour montrer que ce réal anglais n'est pas n'importe qui et dégage un amour honnête et enthousiaste pour le cinéma de genre. Mais... car il y a un grand grand MAIS...

Cela n'a pas suffi à sauver son Hellboy qui s'écroule littéralement faute à un script grotesque et à un surplus numérique qui fait office de bouillie visuelle.





Pourtant, tout démarre plutôt bien. A l'ambiance lovecraftienne de Del Toro, Marshall opte pour le rentre-dedans et l'action non-stop. Ce qui donne une ouverture rythmée et rock'n'roll à son film.

Hellboy, chasseur de démons pour le compte de la société secrète BPRD, mitraille autant en vannes qu'en coups de poings. Pilier de bar quand il n'est pas au centre d'une baston, ce dur à cuir mi-homme mi-démon fan de hard rock en impose. Les premières minutes sont presque drôles, enlevées, pleines de monstres, violentes et gores comme nous l'avait promis Neil Marshall.

Le réal de The Descent se fait plaisir à filmer des décapitations, des démembrements, des éviscérations avec des giclées de sang numérique. Mais justement, tout est si numérique que l'impact est rapidement zéro.



A force de vouloir en mettre plein la vue, Neil Marshall finit par nous vacciner de toutes émotions. Plus le film avance, plus les images se succèdent sans queue ni tête avec des acteurs visiblement perdus au milieu des déferlantes de CGI (coucou Milla Jovovich) quand leurs rôles ne sont pas simplement saccagés (Sasha Lane en Alice Monaghan pourtant si touchante dans American Honey ou encore Daniel Dae Kim en Ben Daimio).



Malgré quelques idées sympas (la scène entre Hellboy et la sorcière Baba Yaga, La Blood Queen qui se reconstitue comme une poupée de tim Burton), une B.O musclée (Alice Cooper, Mötey Crüe, Scorpions, Muse) et les efforts de David Harbour, Hellboy s'embourbe littéralement et devient rapidement indigeste. Voir pénible. A tel point que même sa violence graphique, qui sur le principe aurait été une bouffée d'oxygène dans l'univers des blockbusters actuels formatés et trop lisses, perd tout son charme.

D'autant plus que Neil Marshall se prend les pieds dans un scénario absolument pas maîtrisé, abracadabrant et trop fourni en références (Excalibur vs les nazis vs Satan) ; Quant au final dans un Londres apocalyptique, il est si grotesque, risible et fauché, qu'il met mal à l'aise.

Bref, malgré ses bonnes intentions de départ (et le soutien officiel du créateur de Hellboy Mike Mignola), Neil Marshall enterre une fois de plus Hellboy et fait que plus amèrement regretter Guillermo del Toro. Un gâchis d'enfer. On en pleure encore...   

Pour les plus courageux, Hellboy déferlera le 8 mai dans nos salles.