Humpday
Le 25/08/2009 à 16:28Par Elodie Leroy
Troisième long métrage de Lynn Shelton, Humpday nous avait charmés lors de sa présentation au Festival de Cannes dans le cadre de la Quinzaine Des Réalisateurs. Partant d'un postulat au premier abord classique, à savoir l'arrivée impromptue dans la vie d'un couple rangé d'un ami d'enfance du mari vivant en marge de la société, Humpday explore la fragilité du couple face aux frustrations individuelles de manière plus originale que prévu avec cette histoire hilarante de pari autour d'un festival de porno amateur. Peu à peu, alors que Ben renoue avec le jeune homme qu'il était, la distance se creuse avec son épouse Anna, tandis que le réveil de sa complicité d'antan avec Andrew met contre toute attente à mal son identité sexuelle. Tout le film semble construit pour nous emmener vers une séquence finale au cours de laquelle Ben obtiendra peut-être les réponses qui lui manquent pour déterminer si la voie conventionnelle qu'il a menée jusqu'à présent mérite d'être poursuivie.
Sur le plan formel, Lynn Shelton joue la carte du réalisme à travers une réalisation dépouillée porteuse d'un point de vue lucide sur les personnages, leurs pointes d'égoïsme, leur puérilité et leur insécurité, tirant de ses comédiens un naturel désarmant. L'acharnement de la cinéaste à désamorcer systématiquement les situations dramatiques avec un humour mordant rappelle de loin l'excellent Sexe, Mensonges et Vidéos de Steven Soderbergh - d'autant que l'événement par lequel les bouleversements arrivent est similaire et qu'il est aussi question ici de vidéo. Pourtant, au contraire du film de Soderbergh qui parvenait à travers une légèreté apparente à atteindre une grande profondeur existentielle, celui de Shelton reste en surface de son sujet et ne parvient pas à nous remuer. Humpday n'en demeure pas moins un petit film savoureux par sa légèreté à voir pour le plaisir, rien de plus.