I love you, Man

Au risque d'enfoncer les portes ouvertes à grands coups de lieux communs, on serait tenté de dire qu'au cinéma comme ailleurs, les apparences sont parfois trompeuses. Prenons I Love You, Man par exemple. Sous ses allures de production Apatow (ou "Patapato" pour les intimes) dont il reprend des thématiques, des personnages et même des comédiens, I Love You, Man n'est qu'une comédie molle et pas toujours très drôle "qui aimerait bien avoir l'air, mais qui a pas l'air du tout", pour reprendre l'expression de Brel. Comme dans un Apatow, Paul Rudd et Jason Segel forment un joli binôme plein de complicité. Comme dans un Apatow, ils incarnent des adultes attardés, qui chantent du Rush dans un garage et qui font mine de se moquer du système. Mais hélas, au contraire d'un Apatow, I Love You, Man peine à se trouver un sous-texte touchant et surtout ne va jamais assez loin dans l'humour "scato-geeko-dîtes camion" démocratisé par le papa de Supergrave. Et là où ce dernier arrive à faire mouche dans ses films et ses productions (en mixant habilement délires puérils et portraits touchants), John Hamburg lui s'empêtre dans un vaudeville bas-de-gamme et propre sur lui, qui fleure bon le conformisme et qui sent avant tout le produit fait pour surfer sur une vague. Une vague qui, en apparence, peut sembler à la portée de tous, mais qui se révèle finalement très difficile à aborder lorsqu'on ne la prend pas par le bon bout. Et oui, en cinéma comme ailleurs, les apparences sont parfois trompeuses ...