Iron Man
Le 01/05/2008 à 23:26Par Arnaud Mangin
Quelques centimes... On n'aurait vraiment parié guère qu'une poignée de centimes sur le projet Iron Man dont rien n'annonçait quelque chose de reluisant. Une bande-annonce franchement très mauvaise, un réalisateur apparemment pas à sa place et un trio de comédiens prestigieux presque justifiables par le caprice d'acteur pour l'un et le besoin de renflouer les caisses pour les deux autres. Et pourtant, c'est agréablement surpris que l'on sort de la salle en se disant que si le film de Jon Favreau n'est pas encore ce déclic cinématographique qu'aurait pu être l'adaptation contemporaine du comic book (il ne pleut pas un Batman Begins à chaque coin de rue, malheureusement), il n'en reste pas moins un divertissement franchement bien calibré.
Drôle, rythmée, admirablement interprétée et appuyée par d'excellents effets spéciaux, la première vraie production indépendante de Marvel Studios ouvre l'Entertainement estival de 2008 sans vraie fausse note, même si perfectible...
Jon Favreau n'est pas vraiment ce qu'on pouvait appeler un bon réalisateur. On se demande alors ce qui peut bien clocher dans bon nombre d'adaptations de Comics passées jusque là supervisées par les grands studios et parfois entre les mains de mecs confirmés, pour que certaines d'entre elles nous déçoivent. Et par conséquent, on se demande pourquoi le sien flirte sans mal avec l'honorable. La réponse est probablement dans la question et le nouveau contrôle total du Marvel Studio qui s'autorise probablement à situer le contexte de son premier vrai film autre part que dans le populisme familial. Mais il préfère surtout changer un peu ses cartes de main et s'amuser à creuser les méandres psychologiques de son héros en n'en faisant pas l'éternel poissard subissant comme une malédiction ses différences avec le commun des mortels, mais bien un type d'une égoïste arrogance qui voit là une occasion de s'éclater en gonflant son ego. Pas amoral, mais loin des geignardises de rigueur. CQFD : Fun !
En cela, Iron Man, le (premier) film, constitue le chapitre introductif d'une histoire qu'on imagine déjà extrapolable à foison dans l'avenir. On y évoque uniquement la naissance du héros, son semblant de rédemption sur la culture de l'armement, de leurs incidences, mais ne sont pas encore abordées les soucis d'alcool qui constitueront le gros talon d'Achile du personnage dans la BD. D'ailleurs le film est à prendre comme une longue première main qui entretient l'exploit sur presque une heure de présenter la naissance du personnage sans jamais vraiment casser de rythme. L'une des grandes qualités du film. L'autre, celle qui aurait pu être casse gueule avec un autre nom à l'affiche, c'est bien évidemment Robert Downey Jr, déjà bien connu pour un naturel irrévérencieux et qui s'amuse ici comme un fou à tournebouler un peu les clichés et dévoiler en plus un certain confort dans l'univers technique du blockbuster. Un bougre bien déconnant, à peine handicapé par un discours redemptoire forcément inévitable dans ce genre d'histoire, mais qui s'en sert essentiellement comme une pique à un gouvernement qui déclenche des guerres sans jamais avoir été sur le terrain plutôt que comme une véritable recherche identitaire. Bon, on est loin du gros pamphlet politico-militaire, mais le message reste clair.
Le parti pris de situer une partie de l'intrigue dans les pays du Moyen-Orient pose d'autant plus certaines positions où (à l'instar de la BD originelle qui s'intéressait au Viet-Nam) les méchants n'appartiennent pas forcément à un seul et unique camp. D'ailleurs, la première grosse scène de sauvetage d'Iron Man se situera justement dans cette zone du globe, alors que la seule famille américaine qu'il sauvera in extremis de la catastrophe dans la dernière partie du film finira par lui rouler dessus ! Une belle leçon de gratitude qui nous amène sur le petit sujet qui ne répond pas totalement aux attentes. En effet, niveau action, c'est franchement moyen. Si la première évasion de Stark donne le ton, le reste ne suivra que trop peu. La scène avec les chasseurs en plein ciel se montre particulièrement plate et le spectaculaire affrontement final manque de générosité. Le genre de lacune qui empêche Iron Man de trôner auprès des très bons divertissements pour pêcher par manque d'ambition. Le second opus étant déjà prévu, on ne se fait pas trop d'inquiétude à ce sujet.