J'irai dormir à Hollywood
Le 01/10/2008 à 16:38Par Michèle Bori
En signant avec J'irai dormir à Hollywood un anti-Borat drôle et bouleversant, Antoine de Maximy arrive à nous montrer les américains comme on les voit trop peu souvent. Dans son road-trip humaniste à la rencontre de l'inconnu, il nous offre tout simplement le film d'aventure de l'année... sans fouet ni chapeau.
« Quand rien n'est prévu, tout est possible ». C'est la devise d'Antoine de Maximy, trublion touche à tout et aventurier des temps modernes qui a fait les beaux jours de France 5 avec son émission culte "J'irai dormir chez vous" et plus récemment de la 2 durant les Jeux Olympiques chinois, grâce à sa minute quotidienne du "Péquin à Pékin". Son crédo : partir à l'arrache à l'autre bout du monde avec son sac et sa caméra, en prenant bien soin d'éviter les circuits touristiques des Tour Operateur, les hôtels 4 étoiles et les monuments de cartes postales, pour mieux se pencher ce qui fait à ses yeux la beauté des contrées lointaines : les gens. Dans J'irai dormir à Hollywood, c'est aux Etats-Unis que de Maximy a décidé de se parachuter (au sens propre comme au sens figuré). Au cours d'un périple de plusieurs semaines qui l'emmènera de la côté Est à la côté Ouest, en passant par la Floride, la Louisiane, le Texas et l'Arizona, ce baroudeur new-age nous entraine avec lui dans un voyage à la rencontre de l'Amérique, avec comme but non avoué de tordre le coup à nos propres préjugés sur les américains.
Et c'est bien là que réside le véritable défi du film. Camouflé derrière des allures de road-movie documentaliste, J'irai dormir à Hollywood est un portrait d'une grande justesse sur un peuple, qui, il faut quand même bien l'avouer, n'est pas forcément en odeur de sainteté dans notre pays. Car il est bien facile de se gausser lorsqu'on entend un paysans Texan parler de sa vision des français, mais il suffit d'entamer une conversation avec un français moyen au sujet des américains pour se rendre compte que les clichés ont la peau dure d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique. Antoine de Maximy se permet donc avec la plus grande humilité de remettre calmement les points sur les "i", en dressant un portrait d’une Amérique comme le journal de TF1 ne nous la montrera jamais. Au fil de rencontres hautes en couleurs, le réalisateur nous dépeint sans arrières pensées un peuple perpétuellement chamboulé (par les luttes de classes, par les tornades, par la manipulation de masse, par les erreurs d'un système juridique défaillant...) mais toujours positif et constamment tourné vers l'avenir. Une mentalité de guerrier fatigué, mais de guerrier quand même, qui ne manque pas de nous surprendre, et de nous émouvoir encore et encore tout au long de l'heure quarante que dure le film. se permet donc avec la plus grande humilité de remettre calmement les points sur les "i", en dressant la toile d'une Amérique comme le journal de
Une peinture pas forcément toujours gaie donc, mais dont les contours sont adoucis, comme c'était le cas dans J'irai dormir chez vous, par l'humour d'Antoine de Maximy. Le garçon fait comme à son habitude preuve d'un sens du timing assez remarquable lorsqu'il s'agit de mener à bien ses discussions - discussions que ses petites remarques lancées sur le vif viennent agréablement ponctuer, histoire aussi de les dédramatiser - ou encore pour se sortir in extremis de quelques situations compliquées. Il n'y a qu'à voir comment le bougre se tire d'un guêpier malsain dans lequel il est tombé en se baladant seul dans les quartiers pauvres de La Nouvelle-Orléans pour se dire qu'à se place, beaucoup n'auraient pas eu le même sang froid. D'ailleurs son bagou et son culot ne sont pas sans rappeler ceux du metteur en scène Morgan Spurlock, réalisateur d'Oussama, où es-tu ? chroniqué récemment dans nos colonnes, qui partage avec de Maximy le même chic pour se fourrer dans des situations pas forcément contrôlables. Alors bien sûr, le bonhomme étant présent à l'image du début à la fin du film, difficile de faire fi du fait que si l'on n'accroche pas à sa gouaille, sa voix ou tout simplement à sa gueule, J'irai dormir à Hollywood se révèle vite difficile à supporter. En ce qui nous concerne on adore et si de Maximy veut venir dormir à la rédaction de Filmactu, il n'y a pas de problème.