John Rambo
Le 19/01/2008 à 01:05Par Arnaud Mangin
Ce qui fait la qualité de John Rambo, c'est paradoxalement le plus gros défaut de son encore frais Rocky Balboa : Stallone à cœur ouvert ! Loin de véritables enjeux commerciaux quelconques, parce que de toutes façon ce Rambo 4 est anti-conformiste au possible, l'acteur/réalisateur est parvenu malgré lui à entretenir ses propres mythes, archi-popularisés par delà le monde, pour en faire des films d'auteur. A grosse échelle, certes, mais des films d'auteurs quand même. Le défaut de l'un est donc une qualité ici puisque dans toute sa barbarie, dans tous ses excès, et dans cette espèce d'immense boucherie générale où hommes, femmes et enfants sont littéralement réduits en morceaux, il transpire une véritable sincérité et surtout une œuvre venant du plus profond des tripes. Quitte à justement étaler de la viande en pâture... Ce n'est pas juste une suite, c'est un vrai délire totalement différent, ne cherchant pas à plagier ses recettes précédentes, qui assume absolument tous ses aspects (sa durée, son rythme, une atmosphère parfois bis) et qui expose une paire de couilles monumentales. L'éclate !
Zéro détour pour Stallone qui prend les choses de front. C'est pas sa guerre, parce qu'après tout beaucoup relèguent malheureusement le personnage à une ère désuète (C'est bien connu, rien n'existait avant Matrix), mais il va la faire la quand même ! Il va même y aller franchement en démembrant carrément des mecs à mains nues et en les mixant - on trouve pas d'autres mots - à bout portant avec des calibres monumentaux normalement conçu pour défoncer des chars. C'est du délire, on n'a certainement jamais vu ça avant dans une superproduction "tout public" et on ne le reverra probablement plus jamais. Pour sur, elle restera gravée la pierre... On est vraiment curieux de savoir comment se déroulaient les réunions de pré-prod, mais en acceptant sa commande, le bonhomme dépasse probablement la promesse qu'on lui a demandé et expulse surtout à l'écran vingt longues années de frustration concrètement palpable tout au long du film. Et en particulier dans son hallucinante fusillade finale. Ceux qui trouvaient le dernier Rocky trop mielleux vont être servis !
C'est probablement ce qui fait qu'effectivement, sous ce jouissif charclage massif, on n'encourage pas nécessairement les actes du personnage, mais surtout celui du vrai Sylvestre, qui se rebiffe enfin contre le manichéisme dont on l'a dégueulassement exclu. Pourtant, vraiment pas indigne le mec, il comprend que le cinéma d'action ne répond vraiment plus à ses exigences premières et s'évertue ici à les rétablir. Vous savez, celles voulant qu'on savait s'éclater avec la plus primaire des réactions et qu'excepter coller Bruce Willis sur l'aile d'un Harrier numérique, on ne sait plus faire grand-chose aujourd'hui. Un peu à l'image de la sublime photo du dossier de presse où, encore fringué comme mercenaire revenant du front, il épaule une caméra qu'on imagine comme prête à tirer un missile, Stallone s'installe derrière son mortier et explose absolument tout (même la foret y passe) au propre comme au figuré.
L'une des choses les plus épatante qu'il détruit d'ailleurs, c'est surtout l'intégrité de son personnage. Après des années de victimisation sur les relents de batailles au nom d'on ne sait quel état, il reconnaît ici que Rambo n'est autre qu'un psychopathe en puissance, fou dangereux, qui a le meurtre dans le sang et que - d'une façon autobiographique ou pas - ça le démangeait depuis un bail. Ca sort, ça pète, ça vient du cœur, et ce n'est que l'une des facettes foutrement assumées du spectacle qui nous font encore et répéter toujours le même terme : Sincérité ! "Je tue parce que j'y ai pris goût, mon film ne dure qu'une heure vingt parce que j'ai fait le tour de mon idée, les gens finissent en lambeaux parce que c'est un film de guerre réaliste, je brûle les enfants vifs et les laisse aux mains de pédophiles parce que malheureusement la vie c'est comme ça en Birmanie !". Assurément l'un des survivals - puisque c'est ce que devient le film dans son dernier chapitre - les plus trashs de l'histoire.
C'est comme ça et pas autrement, c'est incroyablement puissant, c'est dévastateur au possible sous tous ses aspects, c'est noir, c'est effrayant - et comme le vice est étrangement communicatif, lorsque les fusillades éclatent une première fois pour ne plus s'arrêter : c'est divertissant comme rarement. Le gros Boum de ce début d'année...