Katyn

Le 01/04/2009 à 07:09
Par Yann Rutledge

Notre avis

5 10 Considéré par beaucoup comme le réalisateur polonais le plus important de sa génération, Andrzej Wajda est dès ses premiers essais parvenu à contourner le réalisme socialiste soviétique (l'art se doit d'être utile) imposé à l'époque pour dessiner le fidèle portrait - mais inacceptable politiquement - d'une Pologne au destin sacrifié, dévastée par la Seconde Guerre Mondiale et traversée par des individus désillusionnés, brisés. Cinquante ans après Ils aimaient la vie (aka Kanal) et Cendres et diamant, Wajda filme l'une des plus sombres pages de l'histoire de son pays, le massacre de Katyn organisé par les soviétiques et dont son père fut l'une des 25 700 victimes.

Il est évident que le cinéaste portait depuis plusieurs années (décennies ?) en lui le désir de porter à l'écran cette histoire, on regrette simplement qu'il ait été empêché de le faire plus tôt. Convaincu par l'importance historique du film (le fameux devoir de mémoire), Andrzej Wajda s'enferme effectivement dans une mise en scène d'un classicisme vieillot, duquel rien ne déborde ni ne jaillit. Au risque de paraître injuste, Katyn pourrait en quelque sorte être envisagé comme le pendant polonais de La Rafle : un film-témoignage à destination des scolaires. On regrette dès lors l'apreté et la noirceur du déchirant Kanal.