Krach

Critique Krach

Dans le petit monde de Wall Street, il existe deux types de traders. D'abord, il y a le trader de base, le "gagne-petit" qui ne connait de son métier que la spéculation bête et méchante. Et puis il y a les autres. Les "maitres Jedi" de la bourse, qui, eux, sont à la recherche d'autre chose : la formule qui permettra d'anticiper au mieux les fluctuations des marchés financiers. Erwan fait parti de la première catégorie, mais se verrait bien dans la seconde. C'est pourquoi, lorsqu'il découvre un lien entre l'évolution du Dow Jones et quelques variations climatiques découvertes par une jeune scientifique répondant au nom de Sybille, il va tout faire pour convaincre cette dernière de s'associer à lui pour ouvrir l'hedge fund la plus puissante de New-York. Dow Jones, Hedge Fund ... ce vocabulaire ne parle forcément pas à tout le monde et Krach a le mérite de nous rendre limpide le quotidien de cet univers pourtant réputé sur son opacité. Durant 1h27, le spectateur n'a jamais l'impression d'être totalement dépassé par un scénario alambiqué qui noie le poisson dans des termes techniques que seuls quelques happy-few peuvent comprendre.

Une fois ce point éclairci, que faut-il savoir de Krach ? Il s'agit là d'un thriller bien efficace, qui respecte à la lettre les codes du genre qu'il aborde. On y retrouve donc une love story intéressée (ou pas ?) entre Erwan et Sybille, des personnages secondaires cyniques et calculateurs (Michael Madsen et la sublime Lisa Ray pour ne citer qu'eux), une montée en puissance rythmée et un finale particulièrement choc, qui nous assène une morale rentre-dedans qui fait plaisir à voir. On aurait peut-être aimé que Fabrice Genestal se lâche un peu plus dans sa mise en scène (notamment les scènes de bureaux qui paraissent bien plates - un petit coup d'œil à quelques récents films de Tony Scott aurait pu lui donner des idées) et que le personnage de Sybille soit un peu mieux exploité. Mais il demeure que malgré cela, Krach est un thriller tout ce qu'il y a de plus honnête, qui doit beaucoup à son comédien principal, Gilles Lellouche. On connaissait son potentiel comique (Ma vie en l'air, La vie n'est pas une comédie romantique), on le découvre ici sous un angle plus sombre. Tour à tour séducteur, tendre, manipulateur, beau-parleur, fragile et suicidaire, Lellouche bouffe littéralement l'écran et parvient même à soutenir le regard du grand Michael Madsen, qui joue son patron dans le film. La confirmation que Lellouche a définitivement un talent qui ne demande qu'à être exploité. Peut-être dans Ma part du gâteau, le prochain film de Cédric Klapisch où Gilles incarne un ... trader !