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L'Affaire Farewell

Le 21/07/2009 à 18:01
Par
Notre avis
4 10

On aurait tant aimé s'extasier sur ce thriller politique qu'est L'affaire Farewell. Parce que le projet était beau et audacieux, parce que son réalisateur était doué, parce que ses comédiens disposent d'un capital sympathie certain. Hélas, à trop chercher à faire dans l'explicatif et pas assez dans le sensoriel, Christian Carion loupe le coche et oublie de nous délivrer la dose de tension nécessaire à tout thriller qui se respecte. On s'ennuie donc poliment pendant 2 heures devant ce film qui semble ne jamais trouver sa place entre le documentaire et la fiction, dont les rares moments de grâce sont à mettre au crédit d'Emir Kusturica, absolument parfait dans son rôle.


Critique du film L'Affaire Farewell (avec Guillaume Canet et Emir Kusturica)

Quatre ans après Joyeux Noël, drame historique nominé aux Oscar et auteur d'un énorme score au box-office hexagonal, Christian Carion revient avec L'affaire Farewell. Pour ceux qui n'auraient pas connu le milieu des années 80, le bloc soviétique et la guerre froide, l'Affaire Farewell fit grand bruit il y a un peu plus de deux décennies en dévoilant aux puissances Occidentales les méthodes du service de contre espionnage Russe, par l'intermédiaire d'un ingénieur français tombé par hasard au cœur d'un jeu de pouvoir à l'échelle mondiale. Farewell fût alors qualifiée "d'une des plus grandes affaires d'espionnage du XXème siècle" par Ronald Reagan, ancien président des Etats-Unis. Tous les ingrédients étaient donc réunis pour tirer de cette histoire un véritable thriller d'espionnage sur fond "d'histoire vraie", comme Hollywood les aime tant. Sauf qu'un peu de chauvinisme ne fait pas de mal et ce ne sera pas Hollywood qui se penchera sur cette affaire, mais Christophe Rossignon, un des producteurs français les plus variés dans son répertoires (La Haine, Assassin(s), Irréversible, Mon Idole, Je vais bien ne t'en fais pas...). Un sujet en or, un producteur audacieux : les éléments étaient réunis pour faire de l'Affaire Farewell une œuvre en tous points alléchante. Alléchante, oui. Emballante, moins.

 

Critique du film L'Affaire Farewell (avec Guillaume Canet et Emir Kusturica)

 

Christian Carion arrive à nous attacher à ses personnages, une qualité qui tient beaucoup à un excellent casting voyant s'opposer Guillaume Canet (effacé et un peu dépassé par les événements, soit exactement ce qu'il faut pour le rôle) et un Emir Kusturica au charisme certain. C'est simple, à chaque fois qu'il apparait à l'écran, le film connait ses moments les plus intenses, les plus vrais, et on serait tenté de dire que le natif de Sarajevo tient le film sur ses larges épaules. Ensuite, une fois encore à l'instar de son précédent film, Carion nous offre une reconstitution historique très soignée, dans laquelle la Russie des années 80, un personnage à part entière, gris et paranoïaque, plonge le spectateur dans une ambiance glacée qui colle à la perfection à l'univers de la Guerre Froide. Mais plus encore que sa direction artistique, c'est l'audace de Carion de placer des personnages historiques réels qui nous aura conquit, puisqu'avec Fred Ward dans le rôle de Reagan, Willem Dafoe dans celui de Feeney (boss de la CIA) et Philippe Magnan dans celui de François Mitterrand, le film prend une tournure ultra réaliste qui lui confère une solennité de très bon aloi. Nous sommes ici dans un thriller d'espionnage, pas dans un film d'aventure, et dès lors, on ne pourra qu'apprécier que le film reste dans une dimension réaliste, quasi intimiste, pour coller au mieux aux problèmes de ses deux personnages centraux.

 

Critique du film L'Affaire Farewell (avec Guillaume Canet et Emir Kusturica)

 

Hélas, cette qualité représente également la principale faiblesse de l'Affaire Farewell. En effet, s'il est généreux sur les scènes peignant les problèmes existentiels et nombrilistes de cet ingénieur français pris dans une spirale infernale et de ce fonctionnaire russe désireux de mettre fin à un régime qu'il juge dictatorial, Carion prive en revanche sa bobine d'une chose relativement essentielle : d'action. Pire, de tension ! On ne demande pas forcément des scènes de poursuites en voitures ou de fusillades, mais simplement de scènes où les personnages agissent. Moins de scènes où l'on nous explique les états d'âmes des héros, et un peu plus où l'on nous les fait ressentir. Un exemple parmi tant d'autres : tout au long des 2 heures de films, jamais nous ne sentirons le moindre suspense autour des actes d'espionnage de Kusturica. Jamais nous ne verrons clairement à quel point ses deux hommes se mettent en danger pour voler des informations aux services secrets russes. On nous en parlera certes, mais on ne nous les montrera pas. Alfred Hitchcock disait "tout ce qui est dit au lieu d'être montré est perdu pour le spectateur." Et c'est précisément ce dont souffre L'affaire Farewell : un trop plein de parole et une carence d'images. Alors, le film ne décollera jamais vraiment de la case "intéressante" et ne touchera qu'à de trop rares moments celle de "divertissante". Consolons-nous : à défaut de nous toucher, il nous aura bien rempli la tête.

 

Critique du film L'Affaire Farewell (avec Guillaume Canet et Emir Kusturica)







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