L'Age de Glace 3 – Le temps des dinosaures

Le comble, pour une série qui s'appelle L'âge de glace, c'est de n'avoir jamais proposé autre chose que des spectacles désespérément tièdes. Le premier emboitait le pas aux blockbusters d'animation 3D sans réellement se démarquer, si ce n'est à travers un amusant petit personnage, Scrat, plus propice à une aventure au format court mais qui amusait énormément. Un premier essai très moyen, dont le seul salut reposait sur un plagia de Trois Hommes et un couffin sous forme de road-movie mouvementé. Ni vraiment beau, ni palpitant, ni trop drôle, le premier opus avait difficilement sa place dans une salle de cinéma. Littéralement épouvantable, le second avait tout de la suite cuit au torchon pour satisfaire un distributeur en manque de produits familiaux. Ne parlant de rien, avec des personnages et une intrigue inexistante, L'âge de glace 2 avouait ses propres faiblesses en rallongeant considérablement la présence du fameux Scrat à l'écran, seul élément dont le public se souvient, et sans doute le seul qu'il a envie de revoir. Le troisième opus n'élèvera guère d'ambitions (si ça marche comme ça, pourquoi forcer le trait ?) si ce n'est qu'il est finalement un peu meilleur que le 2... Un bien maigre exploit.

On prend les mêmes, on recommence, avec la même nonchalance inspiratrice qui tire trop régulièrement la sonnette d'alarme : L'Age de glace 3 n'est qu'un produit vidéo qui a la chance incommensurable de trouver une carrière en salles, et ne semble pas y être plus reconnaissant que ça. Certes, on ne va pas refaire un pamphlet sur la suprématie de Pixar et plein de réalités dans le même esprit, mais, après avoir vu Là-haut de Pete Docter, on ne peut que constater le fossé qui sépare ceux qui croulent sous les inspiration de ceux qui tirent un peu trop sèchement sur le filon en s'abstenant de la moindre démarche artistique ou cinématographique. Histoire d'épicer un peu plus la sauce, on a jugé bon ici de faire voyager nos héros dans une immense vallée parallèle infestée de dinosaures, façon Voyage au centre de la terre, parce que ça permettait de diversifier un peu le bestiaire. Et puis ? Et puis rien... En se frottant au film d'aventure dans un univers d'animaux préhistoriques, ce nouvel épisode ne se risque qu'à un comparatif en sa défaveur avec tout ce qui a déjà été fait dans le genre (tant en animation qu'en films live), ne proposant à aucun moment la magie ou l'effroi d'un Petit Dinosaure et la vallée des merveilles ou d'un Jurassic Park, pour ratisser large.

Si ni les petits, ni les grands ne s'y retrouvent, on est néanmoins conviés à se demander durant cette longue projection - 1h40 - la légitimité de cette suite. Rien de plus à se mettre sous la dent dans cette guimauve qui s'adresse uniquement à ceux qui aiment se forcer à rire. A peine quelques scènes d'action un peu plus relevées vers la fin, des personnages creux comme une coquille d'œuf de T-Rex (la palme revenant à Diego, le tigre à Dent de Sabre qui n'est ici que comme un garde du corps en proie à trois pauvres doutes existentiels) et des allégories ratées sur la paternité qui nous renvoient à l'affreux exemple qu'était déjà Shrek 3. Pas la meilleure démarche. Pas plus qu'y caser un clin d'œil commercial à Alvin et les Chipmunks (oui, le 2 arrive) qui montre, une fois encore, qu'il n'y avait personne pour gérer l'entreprise avec cœur. Vu que la carrière de L'Age de glace 3 est destinée à exploser en vidéo, avec des bambins assis en tailleur devant leur télévision toute la journée, on se demande s'il était bien nécessaire de sortir ce film sur les écrans. On aurait été moins sévères.