L'Odyssée du docteur Wassell
Le 15/10/2007 à 08:00Par Sabrina Piazzi
Patriotique et accumulant les poncifs, L'Odyssée du docteur Wassell demeure néanmoins une référence dans l'âge d'or d'Hollywood. Cecil B. DeMille signe un film « historique » à la reconstitution soignée, souvent surréaliste, teinté d'humour et de sensualité. Le cinéaste livre au final un film d'aventures kitsch, académique mais élégant dans lequel déambule un Gary Cooper sans expressions.
Considéré comme l'un des plus beaux fleurons de l'âge d'or hollywoodien, L'Odyssée du docteur Wassell est tiré d'une histoire vraie, celle du véritable docteur Corydon M. Wassell qui permit à une douzaine de marins blessés de survivre en 1942 en Chine au moment de la chute de Singapour et de l'avancée de l'armée japonaise de plus en plus menaçante. C'est par l'intermédiaire de la radio que Cecil B. DeMille entend parler de l'héroïque docteur Wassell de la bouche même du Président Roosevelt. L'idée lui vient rapidement d'en faire un film et il contacte alors Gary Cooper qu'il avait déjà fait tourner dans Une aventure de Buffalo Bill (1936) et dans Les Tuniques écarlates (critiqué dans nos colonnes).
Bien qu'aujourd'hui un peu daté, L'Odyssée du docteur Wassell contient son lot d'aventures, d'héroïsme et de bravoure magnifié par la réalisation de Cecil B. DeMille. Il n'évite cependant pas quelques clichés du genre et beaucoup d'éléments paraîtront kitsch aux spectateurs d'aujourd'hui. C'est aussi l'occasion pour Gary Cooper de conforter son image de héros américain après les succès de Sergeant York d'Howard Hawks (1941) malgré une interprétation monolithique et peu nuancée. On rit durant quelques séquences très premier degré et devant les scènes extravagantes où l'une des infirmières entame une danse exotique pour le plus grand plaisir des soldats estropiés.
L'Odyssée du docteur Wassell est un film d'aventures patriotique dans lequel le héros est tout beau tout propre, parvenant même à garder le brushing au sortir d'une explosion. Un côté rétro amusant et même réjouissant car le film demeure un excellent divertissement. Les genres se croisent, pas forcément bien mais honnêtes dans leur traitement, du mélo au film de guerre tout en étant emprunt d'une grande sexualité où les soldats ne pensent qu'à embrasser les infirmières. La première heure du film se concentre sur l'infirmerie et les blessés avec un Gary Cooper omnipotent qui passe de civière en civière tandis que la deuxième heure plus axée sur le secours des soldats est plus réjouissante. On retiendra surtout du film le soin extrême apporté à la réalisation, les décors rétro censés représenter l'île de Java et Singapour, l'action proliférant sur chaque cadre et la justesse des seconds rôles.