La Clef

Nouvelle réalisation de Guillaume Nicloux, La Clef nous raconte comment un homme (Guillaume Canet) va se retrouver plongé malgré lui au cœur d'une machination qui va faire resurgir une sombre affaire datant d'une vingtaine d'année.

Après Cette Femme-là et Le Concile de Pierre, Nicloux reste dans le polar. Il continue de plus à diriger un acteur à contre-emploi dans le rôle titre puisque Guillaume Canet y interprète un homme friable et un brin dépassé par les événements auxquels il se retrouve lié. Autour de lui, une brochette de gueules connues : Rochefort, Lhermitte, Balasko, Vanessa Paradis, Marie Gilain, Marina De Van et on en oublie.

Ces comédiens s'en sortent plutôt bien, même si les personnages qu'ils ont à défendre restent du domaine du déjà-vu et se montrent convaincant dans ce film noir où tous ont des choses à se reprocher. Mention à Marie Gilain, qui s'offre quelques scènes assez intenses, même si on a l'impression qu'elle cherche à faire sa Emmanuelle Devos. Chose étonnante, les deux anciens du splendid (Lhermitte et Balasko) reprennent les rôles de François Manéri et de Michèle Varin qu'ils incarnaient respectivement dans Une Affaire privée et Cette Femme-là. Nicloux se prendrait-il pour Tarantino ?

Malheureusement pour lui, même si l'idée est bonne, le film n'est pas vraiment une réussite, la faute essentiellement à un scénario de roman sncf étalé sur 2h sur un rythme que même nos amis helvètiques qualifieraient de lent. Une constante chez Nicloux, qui a quand même fait de l'absence totale de changement de rythme sa marque de fabrique. Du coup, on a toujours l'impression qu'il va peut-être se passer quelque chose, jusqu'à ce que le générique de fin apparaisse à l'écran pour nous sortir d'une étrange torpeur incrédule. Point positif : lorsqu'un film n'a aucun tempo, il n'y a pas de baisse de rythme. C'est déjà ça.

Côté scénario, on assiste à une intrigue digne d'un Grangé en manque d'inspiration, dans laquelle deux histoires se suivent en parallèle (une de nos jours, et une dans les années 80) jusqu'à se recouper dans les dernières scènes, dans une révélation plus ou moins alambiquée, où le passé des personnages surgit comme un diable en dehors de sa boîte. Tellement moderne, tellement prévisible.

Du coup, l'impression se dégage d'assister à un téléfilm mou de genou disposant d'un casting de rêve. Du Guillaume Nicloux pour faire simple, et ceux qui savent à quoi s'attendre ne seront pas trompés par la marchandise.