Las Vegas 21
Le 24/04/2008 à 10:10Par Kevin Prin
Enfin un film pour adolescents qui ne laisse pas les autres spectateurs sur le carreau. Las Vegas 21 peut se targuer d'un scénario intelligent, d'être bien réalisé, fun et prenant, campé par une brochette d'acteurs impeccables, et qui surtout ne manque pas d'ambitions ! On en redemande !!
Las Vegas a toujours été un lieu fascinant au cinéma, surtout dans l'imaginaire américain. Une série TV sur deux va y faire un tour le temps de quelques épisodes, tandis que le cinéma manipule la disproportion du lieu, sa richesse démesurée et ses promesses d'argent facile pour quelques ressorts dramaturgiques. En fait, situer l'action d'une scène d'un film à Las Vegas permet beaucoup de rebondissements aisés à un scénariste souhaitant relancer son récit. Oui, mais le Las Vegas en lui-même, que représente-t-il ? Casino de Martin Scorsese nous en a présenté les dessous maffieux, la série « Las Vegas » nous a permis de découvrir les dessous (romancés) du fonctionnement d'un casino lambda, et Rain Man en a tiré une scène désormais culte. Mais presque aucun film ne s'est risqué sur toute sa longueur à décortiquer la confrontation de gens « normaux » à cet univers.
Las Vegas 21 se pose là et réussit un pari risqué, celui de mêler film de divertissement (visant clairement les ados) à une réflexion bien pesée sur l'ambition et la réussite. Gloire et décadence sont donc au programme et si le résultat ne titille pas la noirceur ou la grandeur d'un Scarface sur ces thèmes, le rajout d'une phase de rédemption (prévisible) ne gâche en rien l'intrigue. Une des forces du film est de nous identifier à tous ses personnages, qui malgré leurs stéréotypes (le héros, la fille superbe, le marrant, le neurd, le rebelle, le prof manipulateur, etc) ne perdent pas une seule seconde de leur crédibilité. Sur un scénario simple (à ne pas confondre avec « pauvre »), Robert Luketic décortique la plongée enivrante dans cet univers sur une narration faite à la fois de séquences calmes où les acteurs développent leurs personnages et les relations qui les lient, et de séquences plus frénétiques, que ce soit dans une présentation quasi-épileptique mais appropriée de Las Vegas, dans le suspens ou dans les quelques montées d'adrénaline diablement efficaces. Certains détails généralement expédiés prennent ici toute une ampleur, que ce soit dans le danger d'une personnalité comme le personnage de Kevin Spacey, ou encore dans une course poursuite à pied à travers les coulisses d'un casino, filmée avec un sens du rythme transcendant.
Car, outre l'écriture, c'est bel et bien la réalisation et la maîtrise du sujet du film qui font que Las Vegas 21 une vraie réussite. Le réalisateur de La Revanche d'une blonde surprend déjà à son sujet, mais aussi en confiant les rennes du casting à une pléiade d'acteurs au top. Ainsi Jim Sturgess (Across The Universe) confirme qu'il est la révélation du moment, tandis que Kate Bosworth prouve qu'elle sait jouer autre chose que les potiches transparentes (la Loïs de Superman Returns, c'était pourtant elle). De son côté, Kevin Spacey mélange charisme et regard menaçant sans plonger dans le cabotinage (Lex Luthor dans Superman Returns, c'était pourtant lui), tandis que Lawrence Fishburne met sa carrure et sa présence au service d'un personnage bien moins classique que son aversion pour la technologie, son goût pour l'instinct et autres anciennes méthodes, feraient croire.
Dans l'absolu Las Vegas 21 ne révolutionne rien : il représente juste ce que l'on attend d'un excellent film de divertissement, mais avec plein de petites détails en plus, une vraie ambition à travers le destin des personnages et une maîtrise totale qui le distinguent du lot. Une excellente surprise, ce qui est déjà énorme, qui nargue et détrône sans problème Steven Sorderbergh et sa série des Ocean's dans le registre des films funs à Las Vegas. On en redemande encore !