Le Come Back
Le 03/10/2005 à 20:18Par Arnaud Calistri
Loin de se cantonner aux recettes toutes faites du genre éculé de la comédie romantique américaine, Le Come Back se laisse déguster comme une délicieuse friandise dont on se demande jusqu'à la dernière minute quelle saveur inédite elle peut encore nous réserver. Les deux comédiens, impeccables, s'en donnent à cœur joie pour imposer ce petit film comme une très bonne comédie et une touchante romance à la fois. De quoi convertir les allergiques au genre.
Alors que l'on pouvait entretenir de légitimes craintes liées à l'étiquette "comédie romantique" du Come Back, le réalisateur Marc Lawrence déjoue avec enthousiasme tous les pièges inhérents au genre. Dès les premières images, très drôles, qui montrent Hugh Grant s'amuser comme un petit fou dans une parodie de clip vidéo ultra kitsch et nunuche des années 80, le ton du film est donné. L'atmosphère chaleureuse et pleine d'humour qui se dégage de cette ouverture irrésistible ne se démentira pas tout au long du film. Certes, Le Come Back raconte bien la naissance d'une histoire d'amour entre deux êtres que tout sépare a priori, mais il le fait avec naturel et simplicité, en accordant la même importance à deux protagonistes aussi attachants l'un que l'autre. Les doutes d'Alex, le chanteur has been qui dissimule son amertume derrière une apparente décontraction, n'occultent ainsi jamais ceux de Sophie, que certaines désillusions ont poussée à abandonner ses rêves. La surprise vient même de la place que se fraye peu à peu la jeune femme au sein d'une intrigue qui semble au départ exclusivement construite autour du personnage d'Alex.
On s'en doute, le film doit énormément aux interprétations très justes de Hugh Grant et Drew Barrymore, et à l'alchimie qui se dégage de manière surprenante du couple qu'ils forment à l'écran. Les deux comédiens ont beau être abonnés au genre, ils parviennent ensemble à se renouveler pour offrir au spectacle une vraie dynamique. Toutefois, il ne s'agit pas là du seul atout de ce film revigorant. Car la réussite du Come Back tient aussi à ses nombreuses séquences musicales, très joliment filmées voire chorégraphiées, qui brassent sans complexe plusieurs époques avec le même regard tendre et acéré à la fois. Si le tube d'ouverture du groupe PoP, évoqué précédemment, renvoie évidemment à une ère révolue, les excentricités de la jeune diva Cora (Haley Bennett, excellente), sorte de clone de Britney Spears version mystique, fustigent gentiment l'industrie actuelle : il n'est qu'à voir ces scènes hilarantes montrant la chanteuse se trémousser en petite tenue sur une scène surplombée d'une statue géante du Bouddha, et se frotter à ses danseurs (déguisés en moines) tout en susurrant "J'ai besoin de mes délices de Bouddha"... D'une certaine façon, c'est à la musique, et plus précisément à la variété, que Marc Lawrence rend hommage en soulignant intelligemment tout le bien qu'elle nous fait.