Le Voyage du ballon rouge
Le 25/09/2008 à 09:06Par Yann Rutledge
Notre avis
Second film hors des frontières taïwanaises pour Hou Hsiao-hsien (après un Café Lumière à Tokyo), Le Voyage du ballon rouge est le premier d'une série initiée par le Musée d'Orsay dans l'objectif de faire se rencontrer un cinéaste et une oeuvre picturale. Aucune contrainte si ce n'est que le musée parisien doit être présent dans au moins une scène. Hommage évident au Ballon Rouge d'Albert Lamorisse, Le Voyage du ballon rouge s'éloigne pourtant de la simple citation, conserve son autonomie pour devenir une sorte de tranche de vie, là où le film de Lamorisse se présentait plus sous la forme d'une fable.
Comme à l'acoutumée chez Hou Hsiao-hsien (HHH), aucune ligne de dialogue n'a été écrite, le cinéaste taiwanais ne présentant à ses acteurs que la première et la dernière note de chacune des scènes, leur laissant entière liberté quant au chemin à prendre pour y parvenir. Ce mode opératoire favorise ainsi l'émergence d'une quiétude, d'une simplicité qui n'auraient sans doute pas existé si les comédiens avaient suivi au mot près un scénario.
Cependant, cette manière d'opérer qui fonctionnait à merveille dans les précédents film du cinéaste (en premier lieu Goodbye South, Goodbye et Millennium Mambo) nous laisse à la dernière image étrangement de marbre. Pas que l'on s'ennuie un seul instant, juste qu'il ne nous reste finalement rien de cette histoire. Les personnages déambulent d'un bout à l'autre sans que jamais leurs préoccupations ne nous émeuvent. HHH a beau se défendre que la barrière de la langue soit en aucun cas un problème pour lui, on se permet d'en douter un peu, tant les comédiens paraissent (trop) livrés à eux-mêmes. On a en définitive plus l'impression d'avoir affaire avec un vrai film français (les turpitudes d'une quarantenaire et de son jeune enfant dans le beau Paris) qu'à l'incursion d'un cinéaste taïwanais au coeur d'un pays et d'une langue qu'il ne connaît pas. Non, ce n'est pas un compliment...