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Les Chèvres du Pentagone

Le 17/01/2010 à 21:52
Par
Notre avis
6 10

Suivant les improbables chroniques, pourtant réelles, d'une branche méconnue de l'armée américaine, Les Chèvres du Pentagone se présente comme un film qui marche dans les traces balisées par les frères Coen, non sans accuser une véritable tendresse envers ses personnages, plutôt que de les enfoncer. L'histoire de quelques doux-dingues persuadés de régler les conflits sans ouvrir le feu et d'avoir l'âme d'un Jedi... Une comédie parfois inégale, mais qui s'attarde autant sur le cœur que sur les zygomatiques.

Découvrez ci-dessous la critique du film Les Chèvres du Pentagone


Critique du film Les Chèvres du Pentagone

Alors que l'on aurait pu considérer l'armée américaine seulement comme une confrérie de forts en gueule bourrins et aux ambitions destructives, Les Chèvres du Pentagone pointe du doigt une improbable minorité : des naïf, gentils mais doux-dingues quand même, qui ont cherché leur leitmotiv quelque part dans la communauté Baba-cool, histoire d'avoir une vision plus aérée des affrontements. L'objectif visé : aller à la rencontre de l'ennemi, non pas avec des armes, mais leur simple force psychique. Ce qu'ils qualifient de superpouvoirs, auto gérés après un long stage spirituel peace and love où la confiance s'acquiert en dansant collectivement sur Dancing With Myself de Billy Idol. Des supers soldats qui ont fini par avoir la quasi certitude de pouvoir traverser les murs, lire l'esprit d'autrui ou tout simplement de stopper net le cœur d'une chèvre, rien qu'en la fixant du regard. D'où le titre. Un projet ahurissant validé par un représentant des plus hautes instances du gouvernement... parce qu'il adorait la science-fiction ! Une bonne occasion de découvrir Stephen Lang dans un contre-emploi assez tordant et loin de son rôle de méchant dans Avatar.

 

Critique du film Les Chèvres du Pentagone

 

Normalement, il n'y aurait que dans l'esprit foisonnant de Frères Coen que pourrait naître une histoire comme celle-ci. Pourtant, on n'y retrouve de fictif que quelques raccourcis narratifs modelés pour l'occasion histoire de livrer un fil rouge de cinéma. Rien de plus. Tiré d'un roman/enquête du journaliste Jon Ronson se présentant comme un recueil d'interviews, le résultat à l'écran retrace une improbable histoire vraie aussi drôle dans son déroulement que touchante dans le sens profond de la démarche utilisée. La bonne nouvelle, c'est que le film va en ce sens. Si ce dernier perd un peu la spontanéité des conversations du bouquin (qu'il aurait peut-être fallu raconter comme Valse avec Bachir pour en reproduire toute l'essence), il y gagne en situations rocambolesques. D'un format à l'autre le résultat atteint le même objectif : dépeindre une attendrissante naïveté de quelques membres du corp d'armée des États-Unis qui avaient, à leur façon, une solution pour rendre la guerre plus tolérable.

 

Critique du film Les Chèvres du Pentagone

 

Si le film nous rappelle très fortement le cinéma des Frères Coen évoqué plus haut, c'est parce qu'on ne pourra pas s'empêcher d'y discerner un calque formel, jouant habilement avec une narration décomplexée et un amour évident pour les situations rocambolesques. Ne parlons pas non plus du casting, qui semble rester en famille et où Clooney et Bridges proposent une refonte de leurs meilleurs cabotinages. Pourtant, ce qui démarque ce premier film de Grant Heslov de ses modèles évidents, c'est un cynisme à double teinte, plus tendre que cassant avec ses personnages. On est même amené à se dire que c'est ce qu'aurait du être Burn After Reading... Parce que plus ambitieux, moins moqueur et avec quelque chose à raconter. Jouer avec les faiblesses au lieu de les railler. Ne pas porter de jugements concrets (rappelons qu'il s'agit de faits réels). Et surtout discerner une part de rêve dans toute utopie loufoque qui sommeille, en particulier dans un milieu réputé pour suivre aveuglement des doctrines sévères.

 

Critique du film Les Chèvres du Pentagone

 

Car au-delà de la folie, de scènes et dégaines franchement drôles (le film s'est pas mal lâché au rayon moustaches et perruques), l'essentiel du propos dénonce gentiment la dureté et l'aveuglement poussif de certains fondements à travers la dégénérescence de ceux qui la prennent à contre-pied. Si le film pèche parfois par un rythme pesant et quelques longueurs (en particulier sur la seconde partie, après un premier chapitre énergique) on apprécie pourtant cet hommage à un état d'esprit un peu autre, bidouillé de bric et de broc, indiscernable par le commun des mortels ''normaux''. Une espèce d'américanisation de l'univers Poelvoorde, dans sa période Les Portes de la gloire ... En ce sens, les dernières minutes (une sorte d'Apocalypse Now à l'envers) et son chouette univers musical laissent de cette comédie, malgré ses inégalités, le souvenir de quelque chose de vivifiant.








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