Les Griffes de la nuit
Le 07/05/2010 à 12:50Par Arnaud Mangin
Film fadasse et parfaitement inutile qui ne fait que desservir la simple notion de remake, Les Griffes de la nuit ne sortira jamais de l'ombre du monstre créé jadis par Wes Craven. Ennuyeux à mourir et bourré d'incohérences atrocement ridicules, cette caricature de produit hollywoodien est certainement la goutte de trop. On pourra toujours le créditer au moins d'une identification du spectateur : les héros font tout leur possible pour ne pas s'endormir... Nous aussi !
Découvrez ci-dessous la critique du film Les Griffes de la Nuit...
critique Les Griffes de la nuit
Durant l'interminable heure et demi qui sépare l'extinction des lumières de leur retour, une seule question se répète sans cesse : quel est le pire entre le remake de Vendredi 13 et celui des Griffes de la nuit ? Même si les deux machins sont éructés de la même usine (également responsables des retouches de Massacre à la tronçonneuse, Hitcher ou Amityville), on dira que Jason avait au moins pour lui de montrer des filles dénudées. Si l'on pouvait se rendre à la présentation du film à pas feutrés, parce que sa démarche globale, le projet ne sentait déjà pas bon, la nouvelle production Platinum Dunes étale de tout son long absolument tout ce que l'on peut reprocher et détester dans l'industrie des remakes de films d'horreur. Non seulement ce n'est plus à la mode (la tendance est au reboot les gars, mettez vous à la page) mais en plus le résultat est torché de façon la plus balourde qui soit, cachant sans mal l'unique intérêt du réalisateur Samuel Bayer : faire ses premières pas dans le cinéma sans chercher à contrarier qui que ce soit. Du coup, même si l'on se retrouve devant une repompe dans les règles qui n'a aucune autre utilité que celle de rafraichir les images, Les Griffes de la nuit n'a rien de commun avec la passion et l'énergie du film original.
Du pur produit hollywoodien super fadasse calibré pour les 12-16 qui semble n'avoir été fait que dans le seul et unique espoir d'attirer les curieux passés à côté de la pourtant immanquable saga. Ensuite, ce n'est pas un mur mais un immeuble entier que ce machin se paye dans la tronche. D'abord parce qu'il commet l'erreur fatale d'exclure tout ce qui avait été fait en termes de popularité. Faire comme si Robert Englund n'était jamais passé par là, c'est une bonne chose, mais Freddy, cette bonne vieille chipolata cramée, tout le monde le connait et sait ce qu'il fait. Du coup, on se demande bien où est l'intérêt de plomber l'ambiance une bonne heure en essayant d'entretenir le mystère sur ce curieux bonhomme qui apparait sans crier gare dans les rêves de ses victimes. Comme on s'en fout, on attend que le temps passe (d'autant plus que le mythe n'a même pas été réinventé, c'est grosso modo la même chose) mais en plus rien n'est fait pour retenir notre attention. Lancinant, mal raconté et tentant des percées médiocres de frayeurs (Freddy déboule sans crier gare avec son orchestre de violonistes) ce machin trop réchauffé n'en finit plus de nous assommer.
Moins bon que l'original (moins bon que tous les autres, même) et super chiant ! Un beau bilan . Ajoutons à cela ce besoin incompréhensible de caser exactement les mêmes séquences que dans le film de Wes Craven, kif-kif à deux ou trois variantes près, et jetées dans le plat sans motif valable (la scène du bain, la silhouette qui sort du mur, la copine balancée au plafond comme un jokari, etc) alors que tout prêtait à des idées originales. Pour compléter la tambouille on patauge dans un grotesque général qui grimpe en flèche en mettant ouvertement le paquet dans sa dernière demi-heure. A commencer par les justificatifs les plus cons qui soient pour plonger ses héros dans le sommeil (puisque l'assassin ne peut agir que dans leurs rêves), piquant du nez pour un oui ou pour un non. Mais le plus désolant, c'est Freddy lui-même, dont le semblant de charisme s'étouffe sous une transparence effarante - Haley était l'homme de Rorsach, pas celui de Krueger - et dont l'absence délibérée d'humour rendent ses interventions anecdotiques. Passant du pédophile idiot du village de son vivant au tueur sanguinaire et implacable dans l'autre monde, il passe son temps à gratouiller les tuyaux, à se refaire les ongles sur les murs ou à tenter de refaire la voix Christian Bale dans Batman. Accessoirement, il plante un ou deux ados de passage. Et par ados, on veut bien évidemment dire des nénettes de 25 ans avec un cartable sur le dos.
Avant même son lancement, cette nouvelle mouture de Freddy sentait le sapin et personne sur le projet ne semble avoir eu suffisamment d'amour propre pour tirer vers le haut son potentiel fascinant, coinçant ce navet dans la case des machins sans âmes ni intégrité. S'ils veulent continuer leur affrontement, Jason attend Freddy dans la poubelle.