Les Passagers
Le 06/03/2009 à 08:35Par Elodie Leroy
En soi, l'idée d'utiliser le genre du thriller fantastique pour conter une histoire d'amour est attrayante. Surtout si les deux protagonistes principaux se rencontrent dans des circonstances funestes, comme c'est le cas ici puisque Claire (Anne Hathaway), jeune psychiatre célibataire, est chargée d'accompagner les victimes d'un crash d'avion, parmi lesquelles se trouve comme par hasard un beau jeune homme du nom d'Eric (Patrick Wilson). Leur première rencontre est éloquente : elle le surprend en tenue d'Adam dans sa chambre d'hôpital sans qu'il ne semble s'en offusquer, bien au contraire puisqu'il retourne la situation à son avantage. Cette séquence amusante est malheureusement le seul moment un tant soit peu sensuel de la relation amoureuse qui va se tisser entre eux. Elle essaie de faire son travail en l'incitant à se confier. Il la prend de haut et tente de la convaincre de profiter de la vie, à grands coups de peinture libre sur les murs ou de balades en moto les cheveux au vent. C'est bien beau, mais il s'avère assez vite que les deux tourtereaux n'ont pas grand-chose à se dire, ou du moins est-ce l'impression dégagée par la pauvreté des dialogues. Or, c'est à peu près à cela que se résume le jeu de séduction insipide entre Claire et Eric, qui occupe (malheureusement) la plus grande partie du métrage. Au passage, on s'étonnera de voir une psychiatre aussi timorée et facile à destabiliser - il y a vraiment des moments où les scénaristes devraient se renseigner sur les métiers que leurs personnages sont censés exercer.
Avec une écriture aussi sommaire, Les Passagers ne fait naître aucune tension dramatique en dépit du charme indéniable des deux comédiens, Anne Hathaway (Le Diable s'habille en Prada) et Patrick Wilson (Watchmen), qui auraient pu former un joli couple à l'écran. Echec sur le plan romantique, Les Passagers ne fait guère mieux dans le registre du fantastique. Alors que la mise en scène de Rodrigo Garcia aurait du être créatrice d'atmosphère, comme c'était le cas dans un film comme Stay de Marc Forster, le cinéaste se contente de filmer platement ses acteurs tout en disséminant grossièrement les indices censés nous amener au dénouement à travers des seconds rôles sous-exploités (David Morse et Clea Duvall font du tourisme dans le film). A ce titre, Les Passagers n'est certes pas le premier film à s'inspirer de Carnival of Souls, certains l'ayant fait avec bonheur auparavant (l'indémodable L'Echelle de Jacob, ou le film israélien Frozen Days). Mais il ne suffit pas d'ajouter un twist final, tellement évident qu'il ennuie avant même son arrivée, pour donner un semblant de consistance à une histoire qui n'en pas. Les spectateurs friands de romance à l'eau de rose se laisseront peut-être séduire mais les amateurs du genre ne s'y tromperont pas.