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Louise-Michel

Le 19/11/2008 à 08:49
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Notre avis
6 10

Vivifiant. C'est le mot. Après deux films qui traçaient délibérément une frontière entre les genres avec un sens de l'humour anarchiste (de l'anti-Ch'tis, en gros) Delepine et Kervern privilégient, avec leur troisième bobine, la bonne nouvelle. Un film ouvertement positif (même si pour ça, il faudra rester jusqu'au bout), un défouloir d'idées et de péripéties qui manipule discrètement les petites failles de la culture cinéphilique française à son avantage. De la couleur, parce que ça fait moins peur, et un thème hyper abordable, revanchard et fédérateur qui parle à tout le monde. Pourtant, les deux artistes ne se sont vendus à personne puisque le propos est le même : Une mise en scène affichant fièrement sa sobriété (on ne montre rien de plus que nécessaire, la réflexion fera le reste), confinant parfois à quelques plans d'une réelle ingéniosité. Un road-movie initiatique, au service des petites gens, maquillé en vigilante improbable. Ouais, on aime...


Critique Louise-Michel

C'est vrai que Aaltra et Avida pouvaient poser un problème de part leur aspect élitiste parfois un peu trop affiché. En particulier le second, très agréable, mais dont l'esthétique nature morte/cadavre exquis sur grand écran pouvait rebuter sans mal... Difficile de mêler les arts, et en particulier le cinéma et l'expressionisme figé (au sens comme au figuré) dans une contemplation qui dépasse les règles populaires du paysage français. Le cinéma de Kaurismäki, c'est effectivement un autre univers... Louise-Michel s'efforce désormais dans une narration, une intrigue et un univers plus classiques. Il y a de fortes chances que les deux réalisateurs se soient un peu fait violence, pour le coup, en acceptant l'idée qu'il faut parfois faire quelques sacrifices. Pour le bien du film lui-même, au-delà de son propre véritable plaisir. Une démarche bien pensée, qui n'empêche pas les deux auteurs d'y glisser tout ce qu'ils aiment avec un peu plus de finesse. Parce que si Louise-Michel est concrètement un film plus abordable, plus accessible et plus drôle, il ne tombe à aucun moment dans le populaire, et encore moins dans le populiste (malgré un thème qui s'y prêtait fortement). Juste une meilleure compréhension entre l'auteur et l'outil.


 

Critique Critique Louise-Michel

 

Comme on peut s'en douter, il ne s'agit pas d'une biographie de la véritable Louise Michel, militante anarchiste du 18ème siècle, mais d'une sorte de déclinaison, laissant flotter le spectre de cette dernière dans l'atmosphère. Parce qu'aujourd'hui, comme à l'époque, il ne fait pas bon d'être un travailleur revendicatif, ni d'être le patron d'une société en chute libre.... C'est l'histoire de Louise, femme discrète au passé mystérieux, qui laisse couler son quotidien dans une usine de cintres. Rien n'épice son quotidien, entre des collègues aussi mal loties qu'elle, un sous-directeur qui extorque ses derniers deniers pour un supposé syndicat fantasmé et quelques pigeons qu'elle capture avec un piège à souris pour se nourrir. Mais comme ça pourrait être pire, elle ne dit rien... Pourtant le pire va arriver, lorsque, du jour au lendemain, Louise et ses amies découvriront l'usine vidée du sol au plafond. Le patron s'est tiré pendant la nuit avec la caisse, les laissant en plan avec une médiocre compensation : chose promise, chomdu ! Avec 20 000 euros, correspondant à la somme totale de leurs indemnités, les filles décident d'embaucher un professionnel pour buter le lâche. Et le pro, c'est Michel, un bonhomme également au passé trouble et persuadé d'être surveillé comme dans Ennemi d'Etat. A la seconde où elle l'a croisé, lorsqu'il passait par là en faisant tomber maladroitement un pistolet de sa poche tandis qu'elle s'esclaffait devant un épisode d'Aglaé et Sidonie, Louise a su que c'était lui...


 

Critique Critique Louise-Michel

 

La suite, on la devine même si nos grolandais favoris on fait le nécessaire pour la rendre la plus imprévisible possible. Au-delà de la quête de vengeance outrancière, qui ferait passer Charles Bronson pour une danseuse étoile, et autant de séquences hallucinantes, Louise-Michel, c'est l'histoire de deux laissés pour compte qui se retrouvent (l'un/l'autre, mais également par eux-mêmes), lancés dans une aventure aux relents de rectification sociale qui les dépasse. La révolution après l'heure, surgissant du nombril de la Picardie, prêt à aller pendre haut et court des dirigeants qui sont des inconnus pour eux, et inversement. Une fable burlesque - un conte de Noel, à en juger par la date de sortie - véritable fourre-tout référentiel se payant le luxe de quelques guests sympas même si pas toujours utiles, ou même un Dupontel qui n'apparait qu'après le générique de fin. Encore un OVNI décontracté, certes, mais qui a réussi à se poser...








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