Lucky - Le réalisateur de Dikkenek tente le Snatch à la française… Pari réussi ? - Notre critique
Le 24/02/2020 à 12:57Par Pierre Champleboux
Aussi culte qu’il soit, Dikkenek ne s’embarrassait pas d’un scénario très élaboré. On était dans la comédie pure et dure, l’étalage de personnages improbables, un spectacle qui devait beaucoup à ses comédiens (François Damiens et Florence Foresti en tête) sans qui le film ne serait certainement pas resté dans les mémoires.
Le casting de Lucky est tout aussi soigné que celui de Dikkenek : retour de Florence Foresti, arrivée de Michael Youn et Alban Ivanov, François Berléand et Daniel Prevost présents dans des seconds rôles marquants… Pas de doute, les amuseurs de talent sont bien présents. Et cette fois-ci, c’est au service d’une histoire un peu plus élaborée qu’ils sont conviés à venir dropper quelques belles punchlines.
Lucky, c’est le nom d’un chien de la brigade des stups que deux losers, Willy (Alban Ivanov, instantanément attachant) et Tony (Michael Youn, qui livre une performance plus sobre et juste qu’on ne l’imagine) vont kidnapper afin de réaliser un plan qu’ils croient infaillible : utiliser le flair du toutou pour trouver de la drogue, pour ensuite s’enrichir et se sortir de leurs vies mornes, rythmées par les galères financières.
Comme on peut s’y attendre, tout ne va pas se passer comme prévu, et, acculés, les deux lascars vont se retrouver contraints de solliciter l’aide de la keuf la plus ripou du commissariat local : Caro (Florence Foresti, particulièrement vnr).
Premier constat : Olivier Van Hoofstadt a toujours l’œil. Filmé dans un décor aussi glauque que celui d’un épisode de Faites Entrer L’Accusé, Lucky ressemble pourtant davantage à une B.D. ou un cartoon coloré.
Des hangars, des H.L.M., des bars miteux, de tristes zones pavillonnaires… autant de lieux en apparence peu cinégéniques qui se retrouvent sublimés par la vision du réalisateur, bien aidé, il faut l’avouer, par la bande-originale ultra stylée signée par le génial Agoria.
Le scénario, clairement influencé par le fonctionnement de comédies criminelles telles que Snatch, Pulp Fiction ou plus récemment The Gentlemen, mêle plusieurs intrigues qui s'avèreront finalement toutes liées les unes aux autres et trouveront toutes leur dénouement dans le climax. Toutes... ou presque, car certaines sous intrigues auraient mérité un développement un poil plus conséquent pour s’avérer pertinentes.
Cette intrigue à tiroirs aurait nécessité un peu plus de soin pour fonctionner parfaitement, et souffre en l’état de quelques (légers) problèmes de rythme, qu’on imagine dus à l’envie de conserver dans le montage final les performances hilarantes de certains comédiens.
Un univers un peu trop riche pour les 86 minutes de Lucky, et peut-être plus adapté à un format mini série.
En définitive, le film se rapproche plutôt d’un Marche à l’Ombre que d’un Snatch. Mais pour peu qu’on éprouve de la sympathie pour les losers invétérés et les personnages tout droit sortis des pages de la revue Fluide Glacial, on passera un moment sympathique avec Lucky.