To the Moon : Scarlett Johansson et Channing Tatum s’envoient en l’air (Critique)

To the Moon : trop bon pour Apple TV ?

Initialement conçu pour une sortie en streaming sur Apple TV, To the Moon de Greg Berlanti a fait forte impression lors des premières projections test menées par le studio. Verdict ? Le film a été jugé « trop bon » par les privilégiés qui l’ont vu lors de ces avant-premières, à tel point qu’il a été décidé de lui offrir une sortie sur grand écran. On était donc en droit de s’attendre à une vraie petite pépite qui se démarquerait de la plupart des comédies romantiques du moment. Est-ce le cas ? Oui… et non.

Objectif lune pour Scarlett Johansson et Channing Tatum

Le film nous transporte en 1969, en pleine guerre froide, alors que la course à l'espace bat son plein. Channing Tatum incarne Cole Davis, un directeur de lancement de la NASA rigide et idéaliste, tandis que Scarlett Johansson joue Kelly Jones, une experte en communication de Madison Avenue qui n’hésite pas à magouiller pour arriver à ses fins.

Leurs chemins se croisent lorsque Moe Berkus (le toujours très cool Woody Harrelson) pistonne Kelly et la fait engager sur le Projet Artemis afin qu’elle se serve de ses talents pour que le public se passionne pour l’alunissage… quitte à tricher en réalisant une fausse version de l’événement, au cas où tout ne se passerait pas comme prévu le jour J.

Un pitch intéressant, qui ne tarde malheureusement pas à être quelque peu dilué par la nature de comédie romantique du long-métrage.

J’ai demandé à la lune… mais j’ai juste eu un film sympa

Le scénario se focalise principalement sur la relation entre Cole et Kelly, qui évolue au fur et à mesure qu'ils travaillent ensemble, suivant une dynamique assez classique de rom-com, en s’appuyant à la fois sur leur attirance mutuelle et les quelques conflits professionnels qui tendent à les éloigner l’un de l’autre. Parce que Cole, très « boulot boulot » et obtus, n’en a que faire de la mission de Kelly : pour lui, peu importe le marketing, ce qui compte, c’est le véritable alunissage.

L’alchimie entre les deux comédiens fonctionne à merveille, mais parfois, cette trame un brin plan-plan a tendance à trop grignoter sur le reste. D’autant que même cet aspect du film n’est pas parfait : certains moments de tension se résolvent un peu trop vite et les personnages auraient mérité un développement plus approfondi.

Fort heureusement, ce n’est pas là tout ce que raconte To the Moon, et au-delà de ça, on a tout de même droit à quelques vrais moments de comédie purement hilarants (notamment une séquence faisant intervenir un chat), mais compte tenu du potentiel porté par un tel contexte, To the Moon est à bien des égards frustrant.

To the Moon : la comédie romantique que les complotistes attendaient

To the Moon puise une partie de son intrigue dans les théories du complot entourant la mission Apollo 11. Le scénario de Rose Gilroy propose une version alternative des événements, dans laquelle le gouvernement américain utilise des stratégies publicitaires de l’époque pour vendre la mission lunaire, en n’hésitant pas à pipeauter sur bien des points. Et clairement, on aurait aimé que cet aspect soit plus développé.

Pourtant, dans les colonnes de People, le réalisateur Greg Berlanti affirmait que c’était là son objectif :

"L'inspiration derrière cette histoire, c'était de créer un grand film original, amusant et intelligent sur la question de savoir si le gouvernement américain aurait pu truquer l'alunissage d'Apollo 11, qui est toujours l'événement télévisé en direct le plus regardé dans l'histoire du monde et qui est devenu depuis l'une des théories de la conspiration les plus discutées."

Mission à moitié accomplie, car si To the Moon est bel et bien divertissant et s'inspire effectivement d'événements historiques, la majeure partie de son intrigue relève de la fiction, et seuls les complotistes les plus convaincus pourront se laisser embarquer par la façon dont est relatée la réalisation du « faux » alunissage. Si Zemeckis parvenait avec Forrest Gump à revisiter l’histoire et à faire en sorte qu’on y croit, ici, la mayonnaise prend moins bien.

Qui est Greg Berlanti, le réalisateur de To the Moon ?

Le nom de Greg Berlanti, ne vous dit peut-être rien, mais vous connaissez très probablement son travail sur le petit écran. Avec des séries comme Dawson, Arrow ou encore Riverdale, il a prouvé sa capacité à captiver une certaine catégorie de spectateurs avec des mélodrames alambiqués… Mais il s’est également rendu responsable du scénario de l’ignoble Green Lantern (2011) dont même Ryan Reynolds ne veut plus entendre parler, ainsi que de la réalisation de plusieurs comédies romantiques assez insipides.

Bref, notre cinéaste est plutôt un faiseur qu’un véritable auteur, et ça se ressent à l’écran. Alors oui : le film réussit à capturer l’essence des années 60 avec ses costumes rétro et son esthétique à la Mad Men. Oui, c’est indéniablement cool de se retrouver immergé dans les pseudo coulisses de la mission Apollo… mais on ne peut s’empêcher de se dire que ça aurait pu être vachement mieux entre d’autres mains.

Marchons sur la lune et ne boudons pas notre plaisir

Bien que To the Moon suive les schémas classiques des comédies romantiques, le film se distingue par son contexte historique original, même si celui-ci aurait pu être beaucoup mieux exploité. Les acteurs sont parfaits et leur charme permet de mater cette comédie romantique sans déplaisir. Ceux qui espèrent y trouver un aspect quasi-documentaire seront déçus et nous n’avons de toute évidence pas affaire au film de l'année... Mais compte tenu de sa date de sortie en pleine période estivale, revoyons nos attentes à la baisse et acceptons To the Moon pour ce qu’il est : une rom-com détendue et plutôt au-dessus de la moyenne, qui fait le job en tant que telle. Reste la frustration : on aurait beaucoup aimé voir ce que des réalisateurs de la trempe de Spielberg (soyons fous) ou Zemeckis auraient fait avec un tel sujet… Il y aurait eu probablement matière à donner naissance à un futur classique.