Marley & Moi
Le 03/03/2009 à 16:51Par Elodie Leroy
Réalisée par David Frankel, à qui l'on doit déjà Le Diable s'habille en Prada, Marley & Moi n'est pas comme on aurait pu l'imaginer une simple comédie canine. En s'inspirant du roman best-seller de John Grogan, Marley et moi, mon histoire d'amour avec le pire chien du monde, le cinéaste ambitionne de raconter la naissance et la croissance d'une famille sur une période de treize ans, soit toute la durée de vie de l'animal au sein du foyer. Marley & Moi débute donc sur le quotidien d'un jeune couple, Jenny (Jennifer Aniston) et John (Owen Wilson), qui peine à joindre les deux bouts et à trouver son équilibre. L'arrivée d'un chien turbulent dans la vie des deux jeunes gens va tout à la fois apporter un peu de piment à leur existence, l'animal se révélant être une véritable catastrophe ambulante, mais aussi débloquer leurs appréhensions à devenir parents.
La première heure de bobine annonce une comédie burlesque puisque les bêtises et la candeur du chien prêtent le plus souvent franchement à rire. Efficacement rythmé, Marley & Moi enchaîne les gags avec un savoir-faire typiquement hollywoodien et qui se voit soutenir ici par le choix fort bien inspiré d'Owen Wilson dans le rôle du maître. Ce n'est cependant que dans le second tiers, nettement moins fun, que les ennuis commencent et que Marley & Moi dévoile son véritable sujet. Les difficultés de bâtir un foyer tout en faisant face aux contraintes liées au travail et aux finances du couple sont en effet au coeur de cette histoire dans laquelle le chien n'occupe finalement qu'une place secondaire. Une fois n'est pas coutume, le cinéma hollywoodien s'intéresse à la classe moyenne peu aisée, celle qui habite les banlieues populaires et roule dans des voitures bas-de-gamme. Le glissement de la comédie vers une tonalité plus sérieuse se fait sans difficulté grâce au jeu très naturel de Jennifer Aniston et Owen Wilson, qui se révèlent tout aussi convaincants dans les scènes de ménage que dans les moments comiques.
Là où Marley & Moi déçoit en revanche quelque peu, c'est dans le modèle familial que l'histoire semble prôner sur la durée et qui trahit quelques relents d'une mentalité rétrograde. A ce titre, si le film accorde une place à peu près équivalente aux deux jeunes gens au début du film, la donne change sensiblement dès l'arrivée du premier enfant, Jenny se retrouvant alors complètement mise au second plan, ce qui appauvrit considérablement un propos qui aurait gagné en subtilité et en complexité si le traitement des personnages avait été plus équilibré. Mais comme on l'aura compris, la difficulté à concilier vie de famille et carrière professionnelle ne concernera que monsieur. A signaler aussi que ce dernier dispose de quelques "mauvais exemples" masculins autour de lui, notamment un drageur invétéré qui s'apercevra bien sûr plus tard qu'il a raté les choses essentielles de la vie. David Frankel cède donc un peu à la leçon de morale. Cela dit, Marley & Moi n'en délivre pas moins quelques moments d'émotions sincères, que l'on doit principalement au personnage du chien. L'un des aspects les plus intéressants de l'histoire réside d'ailleurs dans la manière dont elle utilise la relation de John et Jenny avec Marley pour suggérer leurs insécurités et les difficultés qu'ils rencontreront plus tard en tant que parents. Et si le film s'achève sur une note excessivement lyrique, on se laissera séduire par la manière dont il parvient au final à saisir la place très particulière qu'occupe un animal de compagnie au sein d'une famille. Rien que pour cela, les amoureux des bêtes ne bouderont pas.