Meilleures ennemies

Nous n'apprendrons rien à personne en répétant qu'une des qualités premières d'un film est de savoir surprendre le spectateur. D'arriver à faire en sorte que la vision qu'il ait d'un film après l'avoir découvert soit différente de ce à quoi il s'attendait. Les films qui ont cette qualité sont souvent des réussites. Ou au moins des surprises, ce qui est déjà bien. Meilleures Ennemies ne fait hélas pas partie de cette catégorie. Le film de Gary Winick en est même à l'opposé complet. Pas original pour deux sous, prévisible au possible, tellement sucré de bons sentiments (au premier degré) qu'il aurait de quoi achever un diabétique, Meilleures Ennemies est typiquement le genre de produit qui rentre dans la case "si vous avez vu la bande-annonce, vous avez vu le film". Et sans être d'une médiocrité crasse, cette comédie romantico-burlesque s'avère tellement anecdotique, inoffensive et dépourvue de cette petite étincelle qui peut parfois ériger un projet "sans intérêt" au rang de "sympathique" qu'on se demande encore ce qui a bien pu pousser des noms comme Hudson, Hathaway ou encore Winick (qui avait justement fait le "sympathique" 30 ans sinon rien) à participer à l'affaire. Des impôts à payer peut-être ?

Alors, que retenir du film ? L'étrange ressemblance avec Le Mariage de mon meilleur ami, qui, il y a douze ans, voyait s'opposer Julia Roberts à Cameron Diaz ? Les personnages secondaires à ce point inexistants qu'il nous serait difficile de les évoquer sans nous replonger auparavant dans le dossier de presse ? Une mise en scène plate au service d'un scénario pensé comme un conte de fée moderne, au côté duquel Il était une fois... passerait pour un drame existentialiste (ce qu'il est un peu, d'une certaine manière) ? Non, on ne retiendra rien du tout de Meilleures Ennemies. Pas même la prestation de Kate Hudson et Anne Hathaway (et pourtant, en temps normal, Dieu sait si nous sommes fans !), les deux héroïnes du film qui jouent les sottes manipulatrices en minaudant comme des lycéennes (c'en est même vite insupportable). On aurait bien voulu le conseiller aux amoureux à la recherche d'une bluette incolore devant laquelle se câliner au chaud, mais même pas. En ce froid mois de Février, si ceux-là cherchent un bon date-movie drôle et pétillant, qu'ils se tournent donc vers le bien plus osé Ce que pensent les hommes, qui sort le même jour. Entre les deux films, il n'y a pas photo.