Mission G

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il demeure un chouïa déconcertant le cru 2009 de Jerry Bruckheimer, qui nous a habitués à des roulements de tambours plus intempestifs à l'époque de l'ami Bay (qui déglingue tout du côté de chez Spielberg maintenant) ou avec le casse-dalle Pirates des caraïbes qui ont fait joyeusement respirer le tiroir-caisse. Et puisque que Prince Of Persia est prévu pour l'an prochain et Lone Ranger repoussé aux calendes grecques, on écope d'une simili déclinaison de Mission Impossible avec des cochons d'Inde, qui siéent si bien à la politique Disney voulant qu'une boule de poil soit toujours plus accrocheuse que n'importe quelle tête d'affiche. Mission G, c'est donc la traduction française de G-Force, avec un G comme Guinéa Pig qui, comme chacun le sait, n'a pas grand-chose à voir avec l'Inde, mais bon... On expatrie les noms des animaux couineurs étranges où on peut. Au-delà d'un coup marketing assez efficace qui permettra la mise sur le marché de jouets et de véhicules, non pas à l'effigie des héros, mais dans lesquels nos chères têtes blondes pourront fourrer carrément leurs vraies bestioles, que reste-t-il vraiment de cette légère folie douce qui avait au moins le potentiel d'attiser notre curiosité ?

Et bien pas grand-chose puisque si potentiel il y a (contexte aussi tarte que génial, casting poids lourd sur le papier), personne ne semble s'être soucié de le développer outre mesure. C'est l'histoire d'une équipe de choc qui se trimballe un matériel high tech pour sauver le monde, et basta... tout ou presque est dans le titre, le pitch, l'affiche et la bande-annonce, sans jamais proposer autre chose ou élever le spectacle vers l'épatant film d'aventures qu'il aurait pu être. Passé dix minutes, le film n'a - artistiquement - plus aucun intérêt ! Prise de risque zéro pour Disney qui sait très bien comment marquer son but et s'il est effectivement essentiel de toucher dans le mille avec le plus jeune public, on regrettera encore et toujours l'infantilisation outrancière qui rend illico le film hermétique aux plus de 10 ans. Quant on voit les moyens, la technologie et la direction artistique employée pour l'occasion, on regrettera d'autant plus l'absence d'un vrai réalisateur derrière la caméra ou l'envie de faire un grand film familial. En ce qui nous concerne (3D oblige), le film a été présenté dans une version française un peu foireuse, histoire de gâcher un peu plus la chose, plombée par le doubleur de Bruce Willis (en lieu et place de Sam Rockwell) totalement hors contexte, en plus de caler des clins d'œil inappropriés à Die Hard...

Néanmoins, les curieux et les férus de techniques modernes se devront quand même de jeter un œil sur la chose, équipés des fameuses lunettes, puisqu'en pleine mode de la 3D à gogo, Mission G est sans doute l'une des plus épatantes démonstrations du genre à ce jour, mettant en évidence le pont que construit de plus en plus l'empire Disney entre le cinéma et les parcs d'attraction. Entre la fameuse 3D que l'on connaît et l'utilisation encore inédite d'un ''faux cadre 2.35'' avec des bandes noires plus prononcées d'où surgissent littéralement et réellement du film quelques éléments lors des scènes d'action, le spectacle impose, dans certains passages, une expérience de cinéma à tester d'urgence, en particulier dans son spectaculaire final. A prendre comme un essai du genre, un petit pied à l'étrier de la part de Bruckheimer et Disney pour proposer un nouveau genre de spectacle bigger than life qui prendra probablement son envol pour de bon dans un prochain film réussi....