Moi, Moche et méchant

Critique Moi, Moche et méchant

Moi, moche et méchant, c'est la sempiternelle histoire du verre à moitié vide. A savoir celle d'un film d'animation qui avait à la fois tout pour plaire tout en ratant le coche mais aussi celle d'une œuvre pas passionnante bien que bourrée de petites choses éminemment sympathiques. On cherche donc son équilibre là on l'on peut, mais rarement un tel film a eu du mal à faire peser sa propre balance tant le ventre mou parvient à côtoyer le fou rire sincère.  Le gros souci du film reposant sur sa ligne directrice, pas tip-top et prenant beaucoup trop à contre-pied son concept de départ. A savoir raconter le quotidien d'un grand méchant. Comme si l'on entrait dans la vie de ces génies du mal qu'affronte James Bond, de leur voisinage et de leurs divers emprunts bancaires pour financer leurs plans machiavéliques. Les intentions du reste sont plutôt louable mais font perdre au film une bonne partie de son énergie : en lorgnant grandement vers un Monstres et Cie, on colle dans les pattes de cet antihéros un trio de petites filles orphelines qui vont lui changer son regard sur le monde et lui apprendre à devenir papa. Voilà ce qu'on appelle un désamorçage dans les règles et qui ne rendra surtout plus jamais le scénario intéressant.

Mais, à contrario, Moi, moche et méchant s'offre quelques regains d'énergie soudains, trop brefs, mais particulièrement efficace. D'une part en assumant clairement son côté enfantin (le film s'adresse aux petits, sans les prendre pour des cruches), qui rend mignons certains gags  qui auraient pu être grotesques, mais surtout en pavant le film de délires visuels bien atteints, offerts par les véritables stars du film : les Minions, sorte de coques de Kinder surprise en salopettes croisés avec Les Lapins crétins qui servent de petits soldats au héros du film. Un peu comme l'était Scrat dans L'Age de glace en son temps, Les Minions enchainent des prestations qui reviennent un peu aux fondamentaux du cartoon : rigolos, speeds et dont l'incompréhensible charabia entretient un burlesque constant à chacune de leurs apparitions. On appréciera surtout leurs tentatives de déguisements pour se fondre dans la foule lors d'une séquence dans un supermarché ... Auchan !

On ne rigole pas, les héros d'un film américain vont bien chez Auchan. Un clin d'œil sympa qui nous rappelle en effet que le film est, d'une certaine façon, très français puisque les réalisateurs sont de chez nous, que ce sont des sociétés hexagonales qui se sont chargé de l'animation (en particulier McGuff) et à qui l'on doit l'autre qualité du film : un caracter design franchement réussi qui rend au moins le film beau à regarder, c'est déjà ça. Ca ne compense pas totalement son creux global, mais son absence de cynisme, un cœur à l'ouvrage évident et des pointes d'humour bien pensées empêchent le film de basculer dans le produit honteux.