Monsieur Woodcock
Le 23/07/2008 à 13:35Par Michèle Bori
Malgré un bon postulat de départ, Monsieur Woodcock souffre d'un manque d'humour qui lui est fortement préjudiciable. Le film de Craig Gillespie n'est donc pas foncièrement mauvais, mais il n'est pas suffisamment drôle pour faire le poids face aux cadors de la comédie Hollywoodienne actuelle. Reste Billy Bob Thornton, comme souvent excellent.
Troisième et dernier film du festival Des rires et délires organisé par Metropolitan Filmexport - après le très mauvais Balles de feu et le génial Harold et Kumar s'évadent de Guantanamo - Monsieur Woodcock n'est pourtant pas à classer dans la même catégorie de comédie que ses deux prédécesseurs. Car là où les films de Ben Garrant et de Hurwitz & Schlossberg tapaient sans vergogne du côté de l'humour bas du front et aussi gras qu'un burger White Castle, celui de Craig Gillespie penche vers quelque chose d'un peu plus sérieux, d'un peu plus « raffiné » (façon de parler). Bonne nouvelle donc, nous ne sommesen effet pas face à une énième tentative de pastiche de l'humour si particulier, et si fondamental pour la comédie moderne, de Trey Parker et Matt Stone, ni face à un ersatz de délires à la Apatow ou à la Will Ferrell. Mais mauvaise nouvelle, l'humour voulu par Gillespie, basé en grande partie sur le comique de situation engendré par l'affrontement improbable entre un Billy Bob Thornton impassible et un Seann William Scott en roue libre, n'arrive qu'à de trop rares moments à nous faire rire, voire sourire.
Il en résulte donc une comédie pas franchement drôle (on a déjà vu pire, certes, par exemple dans d'irregardables bidons de lessives où les personnages se font écraser par des vaches tombant du ciel), ce qui est d'autant plus dommage puisque, finalement, le scénario, et ce qu'il raconte, est plutôt bien foutu. En effet, de voir comment un homme sain d'esprit va lentement mais sûrement arriver à haïr un homme de la manière la plus viscérale possible est quelque chose de toujours intéressant. Et dans le cas de Monsieur Woodcock, la rivalité entre Billy Bob Thornton et Seann William Scott est plutôt jubilatoire, tant il existe une différence de classe entre les deux hommes et tant le premier semble à l'aise dans son costume de professeur de sport sadique et hautin. C'est d'ailleurs sur lui que repose la quasi-totalité du film, puisque Sean William Scott ne nous offre rien de plus que ses mimiques « Stiffler-iennes », que Susan Sarandon semble passée en pilote automatique, et que les personnages secondaires (Ethan Suplee et Amy Poehler) voulus décalés viennent inlassablement plomber le film de leurs vannes à deux balles. Non, définitivement, seul le très bon Billy Bob, lui qui semble aujourd'hui prédisposé pour les rôles comiques de vilain-un-peu-rustre-mais-quand-même-attachant (Bad Santa, L'école des dragueurs, Faux amis) arrive à nous faire rire, et nous rappelle qu'en plus d'avoir une des gueules les plus singulières d'Hollywood, il est aussi un très bon comédien. Vivement que les Frères Coen le refasse tourner !