Moonfall : la nouvelle folie apocalyptique de Roland Emmerich est-elle une catastrophe ? - Critique
Le 09/02/2022 à 15:31Par Pierre Champleboux
Réunissant les éléments les plus dingues de sa filmographie en un seul et même long-métrage, Roland Emmerich ne fait clairement pas dans la demi-mesure avec Moonfall… et c’est tant mieux ! Comme une petite pépite anachronique à l’heure où le cinéma catastrophe hollywoodien ne fait plus recette depuis longtemps, Moonfall débarque avec une envie de régaler le spectateur avide de séquences de destruction massive, quitte à s’affranchir du bon sens, de la notion de réalisme, et de toute explication scientifique tenant un tant soit peu la route. Basé sur une thèse complotiste, Moonfall présente des personnages que l’on croirait tout droit issus de la plume d’un scénariste de blockbuster des 90’s et nous offre du grand spectacle à la fois décérébré et jouissif. Nostalgiques de l’époque où des films tels que 2012, Armageddon ou encore Independance Day abondaient dans les salles obscures, Moonfall est une friandise dont vous auriez tort de vous priver.
Spoiler Alert : si vous ignorez tout de Moonfall, que vous n’en avez pas vu la bande-annonce et que vous souhaitez découvrir le film sans rien savoir de ses rebondissements scénaristiques rocambolesques, mieux vaut ne pas poursuivre la lecture de cette chronique avant d’avoir découvert le nouveau film de Roland Emmerich.
En ces temps de pandémie mondiale (dont on espère bientôt voir l’issue) pourquoi ne pas s’offrir une autre perspective de fin du monde pour oublier les temps moroses que nous traversons ? Et qui d’autre que ce vieux roublard de Roland Emmerich pour nous offrir une apocalypse riche en explosions, destructions et nawak scénaristique ? Avec Moonfall le réalisateur de Moon 44 revient au genre qui lui a rempli les poches et le compte en banque dans les 90’s : le blockbuster qui pète tout sur son passage et ne s’embarrasse pas de séquences explicatives ou de personnages profonds.
Toi qui entres ici, abandonne tout espoir
Moonfall, c’est la surprise de ce début 2022 qui fera le plus grand bien aux amateurs d’un cinéma spectaculaire et décérébré comme on n’en fait plus. Flirtant avec le nanar, cette co-production sino-britannico-américaine n’a manifestement pas d’autre but que de nous proposer l’apocalypse la plus improbable possible, le tout sans temps morts et sans complexes.
Un beau jour, la lune quitte soudainement son orbite et se met à se rapprocher dangereusement de la Terre, menaçant de la détruire. Celles et ceux qui ont suivi avec assiduité les émissions de Fred et Jamy objecteront probablement que tout cela dépasse l’entendement. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que dans l’univers de Roland Emmerich, la lune est liée à une ancienne race extraterrestre, et qu’elle est en fait une mégastructure creuse remplie de nanobots et de matériel bien plus high tech que tout ce que les petits gars de C’est pas sorcier ont pu étudier et expliquer à l’aide de maquettes !
Pas le temps de niaiser
Lancés dans une course folle pour empêcher la fin du monde, Patrick Wilson, Halle Berry et John Bradley-West (Game of Thrones) n’ont pas vraiment le temps de donner sens à tout ça.
Mais est-ce vraiment ce qu’on attend d’un blockbuster qui nous annonce que la lune va s’écraser sur Terre ? Et puis Patrick Wilson (qui joue ici un astronaute viré de la NASA qui aime bricoler sa bagnole dans son garage en écoutant Africa de Toto) a autre chose à penser : son garnement de fils (Charlie Plummer, qui semble avoir séché les cours d’acting), en bon ado rebelle, a encore fait n’importe quoi et est en taule alors même que l’apocalypse approche à grands pas !
Et si la plupart des blockbusters actuels durent généralement 2h30, voire 2h45, Moonfall n’a que 130 minutes au compteur : pour Roland Emmerich, l’heure n’est pas à la tergiversation ! Son film fonce à la même allure que l’astre lunaire s’approchant de notre belle planète bleue, et tout s’enchaîne sans que le spectateur ait le temps de piger qu’il n’y a rien à comprendre.
Du cinéma d’auteur
Comme souvent dans les films à grand spectacle du cinéaste germano-américain, les personnages comptent leur lot de beaufs, le scénario se plaît à nous offrir de belles scènes de sacrifice et des instants de rédemption et de bravoure qui mettraient la larme à l’oeil à Jean-Claude Convenant de Caméra Café. C’est bien simple : on est à deux doigts d’espérer un caméo de Will Smith et Jeff Goldblum qui viendraient féliciter nos héros en s’allumant un cigare comme à la fin d’Independance Day.
Alors certes, celles et ceux qu’on a traîné de force voir Moonfall ou qui n’auraient pas lu le pitch du film ou consulté la filmographie de son réalisateur seront déçus. Mais pour les fans d’un cinéma populaire, généreux, spectaculaire et se moquant du ridicule, Moonfall est l’anti Don’t Look Up qui fait du bien.