Ondine

Critique Ondine

Après avoir côtoyé l'univers de studios dans A Vif, Neil Jordan revient dans son Irlande natale pour se ressourcer avec Ondine, une histoire d'amour impossible aux accents surnaturels. Tout commence lorsque Syracuse (Colin Farrell) pêche en pleine mer une belle jeune femme (Alicja Bachleda) dans ses filets, un événement suffisamment surréaliste en soi pour installer immédiatement un climat fantastique. Syracuse, sa fille et la belle inconnue qu'ils nomment Ondine vont peu à peu se rapprocher et se créer un univers à eux, jusqu'à ce que le passé de la jeune femme ne les rattrape. Quelque part entre le drame social et le conte de fées, Ondine repose sur une histoire dont les thématiques n'ont rien de novateur mais dont le traitement original lui confère toute son élégance. L'histoire, d'une grande simplicité, s'attache tout à la fois à décrire une réalité sociale rude qu'à transmettre une part de rêve à travers un trio de personnages en mal d'affection.

Épaulé par le chef opérateur Christopher Doyle, connu notamment pour sa collaboration de longue durée avec Wong Kar-Wai, et par une bande son envoûtante (les fans de Sigur Ros aimeront), Neil Jordan filme sans retenue les contrées sauvages d'Irlande, un décor fascinant qui s'impose immédiatement comme un personnage à part entière du film. Soutenu par un casting judicieux dans lequel Colin Farrell se révèle très attachant, Ondine utilise à bon escient les légendes locales mais aussi les éléments naturels (l'eau prend un rôle éminemment symbolique) pour solliciter l'imagination du spectateur. La réalisation de Neil Jordan se révèle toutefois plus subtile comme vecteur d'émotion que de sensualité, la mise en valeur du personnage féminin usant de procédés trop prévisibles pour se mesurer à la puissance érotique de The Crying Game ou même Entretien avec un Vampire. Ondine ne restera peut-être pas comme un élément majeur de la filmographie du cinéaste, mais demeure un petit film inspiré, envoûtant et plein de charme.