P2 – 2ème sous-sol
Le 04/03/2008 à 08:01Par Arnaud Mangin
Oh ! Oh ! Oh ! "Après P2 vous ne verrez plus les parkings comme avant !" semble vouloir hurler cette production Alexandre Aja. En fait, si, on verra toujours les parkings souterrains comme avant. A savoir un endroit mal éclairé, un peu étouffant, baignant dans le bourdonnement des éclairages au néon mais dans lequel il ne se passe strictement rien d'intéressant. Forcément, au prix des places de ciné, 2ème sous-sol (c'est le titre français, bien moins rigolo à prononcer que Pitou) s'efforce de cumuler les événements dans ce lieu clos servant de concept entier au film. Tout juste sympa et sans surprise, ce survival urbain a parfaitement saisi que, dans tout bon thriller qui se respecte, le méchant doit être très bon. C'est le cas ici. En revanche, ses créateurs ont oublié que, pour rester efficace, il faut aller à l'essentiel, sans détour inutile...
Faut-il voir dans P2 la confrontation sociale que se sont toujours efforcés de dépeindre les survivals américains traditionnels (à savoir des gens normaux de la ville qui affrontent des malades mentaux campagnards) en la situant entièrement dans un immeuble ? Vous savez, ces gigantesques buildings où les plus hauts salaires ont leurs bureaux au sommet tandis que les recalés de l'école de police sont obligés de surveiller le parking dont il est ici question. C'est Noël, les oiseaux chantent, tout le monde a foutu le camp pour se retrouver en famille et seuls restent là-dedans la jeune cadre célibataire qui peaufine ses derniers contrats et le veilleur de nuit quelques étages plus bas. Ils n'étaient pas faits pour se rencontrer, mais le second va forcer le destin quand même en attachant la première dans son local et en verrouillant toutes les issues. Il ne lui veut pas de mal, parce qu'il est amoureux et qu'il a besoin de compagnie, mais comme il en tient quand même une sacrée couche (sans doute son côté campagnard) et que la donzelle arbore une hallucinante paire de pêches, sa durite va surchauffer plus que de raison.
Un petit survival urbain des familles donc, jouant avec le cadre ténébreux, vaste, désertique et forcément flippant des parkings et délivrant la sempiternelle histoire de Petit Chaperon Rouge, presque devenue une catégorie du genre. C'est techniquement bien emballé, vraiment bien interprété, mais tellement inoffensif jusqu'à l'excès que ça en devient presque lourd. Jamais surprenant, donc, le film souffrira d'une part de son interminable durée (1h40, beaucoup trop pour suivre deux gus qui se poursuivent dans un seul décor), de raccourcis faciles permettant aux personnages de se téléporter comme par magie lorsque ça arrange le scénario, mais il s'encombre surtout de scènes inutiles par poignées. Certaines étant totalement grotesques qui plus est. Chose Dommage, parce que dans ses vingt premières minutes, P2 gagne nos faveurs avec une véritable atmosphère, charmante par son simplisme, mais succombe trop rapidement aux surenchères en tous genres... Déjà oublié.