Projet X

Parce que pour bien apprécier une gueule de bois, rien ne vaut le souvenir de la soirée qui va avec, Projet X était attendu comme la version live du diaporama du générique final de Very Bad Trip. Les histoires de lendemain de cuite noyée dans la citrate de bétaïne ça va bien deux minutes. Todd Phillips l'a bien compris et en attendant de renvoyer ses quatre héros soulards dans une nouvelle aventure à faire péter les éthylotests, il a décidé de profiter de cette vague d'amour du public pour les murges d'anthologie pour produire le "Party Movie" ultime. Celui qui ferait office de méthadone pelliculée à tous les amateurs de ses grosses beuveries qui se doivent de tourner mal pour rester mémorables. Soyons clairs : en racontant comment trois potes qui, pour chopper de la gonz', décident d'organiser la teuf' de l'année, mais se retrouvent vite dépasser par l'ampleur d'un événement qui tourne à l'apocalypse selon Saint Ghetta, Projet X n'est qu'un gros prétexte pour multiplier les délires les uns après les autres. Ici, pas (ou si peu) de jeu de piste ludique façon Very Bad Trip 2 ou de belle histoire sur les amours adolescents comme dans Supergrave. Juste un énorme roller-coaster à 4 grammes qui n'aura qu'une devise du début à la fin : "no fuck*** tomorrow". Forcément jubilatoire !

C'est ainsi que Phillips, le réalisateur Nima Nourizadeh et les scénaristes Matt Drake et Michael Bacall s'en sont donné à cœur joie pour donner naissance à soirée de leurs rêves. Prenez donc des litres d'alcool, un nain boxeur, une bonne grosse bande son qui fait vibrer les subwoofers, un freluquet de 50kg qui se prend pour un videur du VIP Room, un chien qui vole, un nain de jardin rempli d'ecstasy, un mec avec un lance flamme qui enflamme tout un pâté de maisons et un bon millier de donzelles "beaucoup plus bonnes que la plus bonne de tes copines" ; passez le tout dans un shaker pendant 1h27 et vous obtenez quelque chose de totalement délirant, au "waouh effect" immédiat. Projet X a donc tous les ingrédients du bon film "désolé pour hier soir", à voir entre potes un samedi pour passer un bon moment de poilade. Mais qui dit "samedi soir", dit forcément "dimanche matin". Et c'est là que Projet X trouve son talon d'Achille.  

Comme pour une soirée trop arrosée, Projet X nous revient par flashs. Impossible de remettre les évènements dans un ordre chronologique sans se prendre un mal de crâne immédiat. Une impression de foutoir qui fait du film de Nima Nourizadeh une expérience ultra plaisante sur le moment, mais dont l'effet retombe comme celui d'un petit cocktail sucré.  L'utilisation – une fois encore assez maladroite – de la caméra "found footage" n'aidera que peu à se remémorer précisément les moments clefs du film. C'est d'autant plus dommage que nombres de séquences du film auraient pu donner naissance à des images incroyables, plutôt qu'à ces images tremblantes semblant provenir de Youtube. Un choix de narration et de mise en scène certainement souhaité, certes parfois efficace, mais qui prive Projet X de ce petit goût de "reviens-y" qui lui aurait permis d'entrer dans la catégorie des films qu'on a envie de revoir. Peut-être n'était-ce pas le but, tout simplement. Dans ce cas, on se contentera d'écrire que Projet X n'est qu'un bon coup d'un soir. C'est bête, parce qu'au fond de nous, on était peut-être prêt à aller un peu plus loin …