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Quand je serai petit

Le 11/05/2012 à 15:20
Par
Notre avis
7 10

Jean-Paul Rouve nous offre une comédie dramatique traitée sur le mode d'un conte philosophique à cheval entre la réalité et l'imaginaire. On aurait pu craindre une énième comédie dramatique surchargée de sentiments étalés sans pudeur. Mais servi par des acteurs brillants, les petits comme les grands, parsemé d'éclairs de génie dans la mise en scène et le montage, et très justement ponctué d'une pudeur dans le dialogue et dans le scénario, Quand je serai petit nous offre une fable rondement menée, (presque) toujours maîtrisée. Découvrez ci-dessous notre critique de Quand je serai petit ...


Quand je serai petit : Critique

Quand je serai petit : Critique

 

Matthias, 40 ans, croise le chemin de Mathias, 10 ans, un petit garçon qui lui ressemble étrangement. Troublé par son homonyme enfant, Mathias part en quête, voire en enquête, de son passé, au détriment de son présent. En revivant sa vie d'enfant, en étant adulte, n'est-on pas tenté de changer le cours des événements ? Fort de cette question, Jean-Paul Rouve nous ouvre les portes d'un récit au bord du conte philosophique où la réalité se mêle à l'imaginaire. Quand je serai petit n'est pas parfait mais n'en demeure pas moins un excellent divertissement dramatique, jalonné de quelques belles idées de mise en scène et de montage. Ce film ne fera pas l'unanimité, mais il serait bien dommage de passer à côté.

 

Le réalisateur nous fait patienter un moment avant de nous laisser entrer dans le vif du sujet. A la fois extrêmement nécessaire et étrangement superflue, la mise en place de l'histoire est très lente pour un scénario finalement très court. Un choix scénaristique qui nous permet d'englober toute la complexité de cette histoire, mais qui risque de perdre quelques spectateurs, en les laissant croire qu'il s'agit là d'une comédie dramatique française des plus banales, ce que le film n'est pas le moins du monde. Ajoutons à cela quelques plans - et parfois quelques scènes - trop longues pour ce qu'elles sont, pour ce qu'elles ajoutent à l'histoire ou à la mise en scène (les paysages la plupart du temps, ou certaines scènes, trop longues de quelques secondes), celà nous donne les deux bémols majeurs du film. Loin de s'endormir sur le contemplatif à outrance, Quand je serai petit prend son temps pour amener son propos, on a presque envie de lui dire d'appuyer sur le champignon une fois ou deux.

 

Quand je serai petit : Critique 

Mais ce démarrage en douceur est justifié par une mise en scène de la profondeur : la longueur de l'introduction n'étend pas un tronçon de scénario qui tournerait en rond, mais l'explore de fond en comble. Et c'est là toute la force du film : on s'attend à ce que le film s'essouffle rapidement avec un pitch un peu trop léger pour tenir plus d'une heure et demi, qui s'appuierait sur un humour gras et lourd pour perdurer jusqu'au générique de fin. Que nenni. Jean-Paul Rouve prend le temps de creuser chaque personnage et chaque histoire. Son personnage évidemment, mais aussi celui de sa mère, de son beau-père, de sa fille, et évidemment de ces doubles fantomatiques nordiques. On pourrait presque reprocher au film de tisser une toile trop binaire entre les mondes du passé et du présent, du Nord et de Paris, de l'enfant et de l'adulte, mais cette toile de fond nécessaire n'est que très rarement martelée, et laisse place à des transitions entre les mondes qui donnent au film sa teneur de conte philosophique : la plus flagrante étant l'association de la voiture au voyage dans le passé ou au retour vers le présent, où nous sommes bien souvent aux côtés de Matthias, comme si nous étions un enfant assis sur le siège passager ou à l'arrière de la voiture.

 

Quand je serai petit : Critique

Partagé entre ces deux mondes, Jean-Paul Rouve évolue au milieu d'une famille d'acteurs, petits et grands, brillants, justes, et dirigés avec parcimonie : pour n'en citer qu'un petit nombre, nommons le petit Miljan Chatelain, en Mathias jeune, incroyablement convaincant, Arly Jover en femme dévouée, déchirée et toute en retenue, Benoît Poelvoorde en père réel et fantasmé. Leurs jeux sont toujours nuancés, jamais dans l'outrance et on ne trouvera pas de scènes de cris et de larmes. Cette économie des éclats n'enlève en rien l'émotion qu'on ressent tout au long du film, amenée par une mise en scène tant visuelle que sonore. Les dialogues et surtout le montage traduisent toute la profondeur des sentiments et toutes les émotions des personnages, aussi bien les principaux que les secondaires. Le parti pris semble être celui de donner dans le pathos, dans la dureté de cette histoire et de cette quête, et d'en prendre le contre-pied de façon instantanée, avec humour parfois, mais surtout avec un montage et un mixage variés qui alternent entre une mise en image classique et quelque chose de plus surprenant et de presque expérimental. On assiste à une annonce du titre brusque et étonnante, à quelques montages alternés qui créent un écho atypique, et à une fin qui, loin de s'expédier, tient en haleine jusqu'au bout, parvenant même à créer une forme de suspens, et nous laisse finalement face à cet entre-deux de réel et d'imaginaire, jamais complètement résolu.

 

On pourrait conclure en disant que cette comédie dramatique tient plus du drama que du comique, mais qu'à aucun moment la puissance du propos n'efface complètement les sourires de nos visages. Avec une mise en scène qui propose le Nord comme une contrée ensoleillée et presque enchantée, doublée d'un réalisme brutal, la dualité du film ne se perd pas dans un va-et-vient qui nous donnerait des haut-le-coeur, mais entremêle avec brio les fantasmes fantômatiques d'un homme avec la réalité de son quotidien : créer, changer, améliorer des souvenirs d'enfance en (re)vivant son passé dans le présent, par procuration. En bref, Quand je serai petit est un film imparfait, mais qui malgré ses bémols, reste d'une sensibilité rare qu'on a grand plaisir à voir.

 

 





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