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[REC.]

Le 25/02/2008 à 12:24
Par
Notre avis
8 10

Nourri au méga-buzz international depuis quelques mois et s'offrant probablement le meilleur teaser de ces dernières années, [Rec.] déboule enfin dans nos calmes contrées. Calmes parce qu'à sa modeste échelle, le cinéma de genre français est irrémédiablement à la traîne en essayant un peu vainement de plagier des classiques américains du genre. Les Espagnols, eux, en plus d'être les grands vainqueurs du dernier Festival de Gérardmer, suivent la cadence sans heurts et trouvent une place de choix dans un cinéma qui a de plus en plus de mal à faire frissonner son public. Avec [Rec.] ils démontrent à chaque instant que tout espoir n'est pas perdu et livrent une expérience de train fantôme grandeur nature d'une monstrueuse efficacité. Une expérience de frousse viscérale qu'on ne peut vivre que complètement dans une salle de cinéma, surgissant de partout, de l'écran, des enceintes et surtout du public lui-même qui se réjouit à communiquer sa propre peur. Attention, ça marche du feu de dieu !


Critique [REC.]

Jaume Balaguero est effectivement une espèce de petit touche-à-tout qui visite chaque recoin du cinéma de genre pour dresser les poils du dos de son spectateur. Jusque là, on aime ou n'aime pas, mais le bonhomme a le mérite de s'auto expérimenter en plongeant ses bobines dans de pures conditions ténébreuses qui assurent l'ambiance. Fragile (son précédent qui a malheureusement fini en direct-to-vidéo chez nous) y parvenait sans mal dans sa forme, même si le film sentait un peu le réchauffé. On ne va pas se mentir, [Rec.] a grosso modo les mêmes ambitions : recycler ses sources fantastiques parmi les plus belles références du genre en les confrontant à un univers bien contemporain dans lequel n'importe qui pourra se retrouver. Ni plus, ni moins... Enfin peut-être un peu plus. Si on essaye de ne pas tenir compte du fait que Cloverfield est sorti récemment et que le hasard du calendrier le distribue le même jour que Diary Of The Dead chez nous, le film joue ici la carte "originale" du document réalité en vue subjective. Ou l'histoire d'une émission reportage Pendant que vous dormez (sans doute l'équivalent de notre Droit de savoir) qui suit joyeusement une escouade de pompiers avant que la situation dégénère gravement lors d'une intervention. Le tout, devant l'objectif d'un cameraman pour qui l'enjeu du scoop visuel aura autant d'importance que sa propre survie...

Critique Critique [REC.]
Car l'intérêt du film repose essentiellement là-dessus. Et pour jouer à fond la carte du train fantôme au processus identificatoire ultime, il est bon de poser le spectateur dans une situation tout autre que celle d'un film lambda. Une situation où il est directement plongé dans ce fait divers horrifique sans ne jamais rien savoir de plus ou de moins que les héros du film. La vue subjective est donc de rigueur, prolongeant d'ailleurs un peu plus l'atmosphère dans celle d'un jeu vidéo (dont la nouvelle génération est aujourd'hui autrement plus flippante que la plupart des films). Jeu idéo, émission de télé... autant de choses bien familières appuyées d'autant plus par le lieu de l'action situé dans un petit immeuble de centre-ville soudainement transformé en huis clos forcé. Puisque si les morts violentes se multiplient mystérieusement à vitesse grand V à l'intérieur de la bâtisse sans que l'on sache immédiatement ce qui se passe, les autorités à l'extérieur qui empêchent tout le monde de sortir voient ce qui se passent... Et à les écouter, c'est horrible !

Critique Critique [REC.]
L'atmosphère est là, elle est posée d'une façon franchement magistrale et, malgré tout le bien que l'on pense de Cloverfield, fonctionne même mieux que le gros mastodonte hollywoodien. Pour des raisons un peu basiques de cameraman professionnel sans doute, exploité ici avec un peu plus de logique et souvent d'un façon maligne jusque dans son tétanisant final. En tout cas, et en essayant de ne pas dévoiler explicitement le pourquoi du comment des horreurs racontées ici, les réalisateurs ont réussi à plonger tout de go dans les peurs les plus primaires pour faire sursauter les spectateurs d'une salle comme un seul homme. Un travail sonore extraordinaire, d'une part, sans la moindre musique et qui repose sur un tétanisant jeu de hurlements plus abominables les uns que les autres surgissant des différents étages. Mais [Rec.] s'amuse surtout à nous faire bondir avec les autres éléments, plus basiques, plus simples et qui demandaient simplement à être judicieusement utilisés !

Critique Critique [REC.]
On réagit aux cris, oui, mais on a peur du noir, on appréhende l'indécelable, on se méfie devant l'inconnu, on s'insurge de cette autorité muette, on étouffe sous la claustrophobie et l'on tremble littéralement face à cette décadence meurtrière et inexplicable. Un chouette spectacle qui malmène vicieusement les sens jusqu'à son final d'une dingue efficacité lorsqu'il fait intervenir le dernier personnage de l'histoire. Celui-là, à l'image du reste du métrage, va marquer les rétines.... Un vrai défouloir pour les nerfs.






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