Reminiscence : que vaut le nouveau blockbuster SF de Hugh Jackman ? Critique
Le 26/08/2021 à 10:52Par Pierre Champleboux
Une idée presque parfaite
Une pincée d’Inception, une goutte de Dark City, une cuillerée de Blade Runner : les ingrédients semblaient réunis pour que la productrice de Westworld signe une belle réussite, mais le résultat final de cette recette risque d’en décevoir plus d’un.
Dans Réminiscence, on découvre un univers dystopique dans lequel les dégâts du réchauffement climatiques sont plus que palpables. Une bonne partie des terres est en effet inondée, et seules quelques villes surnagent. Dans une ambiance de polar des années 50, Nick (Hugh Jackman), patron d’une petite entreprise qui propose à ses clients de revivre leurs souvenirs, s’amourache d’une belle inconnue (Rebecca Ferguson) qui ne tardera pas à disparaître dans des circonstances troublantes. Nick n’aura dès lors qu’une obsession : tout mettre en œuvre pour retrouver celle qui a fait chavirer son cœur….
Si l’histoire semble assez classique à première vue, on espère lors de la première heure de Réminiscence que le film parviendra à nous surprendre et nous emmener sur des sentiers plus surprenant.
Hélas, hormis le fait que le personnage d’Hugh Jackman use de sa visionneuse de souvenirs pour avancer dans son enquête, rien ne viendra sauver le spectateur de ce sentiment de déjà-vu permanent.
Portée par des dialogues écrits avec la finesse d’un auteur de romans de gare tentant de singer maladroitement la plume de Raymond Chandler, le scénario du premier long-métrage de Lisa Joy en tant que réalisatrice n’offre guère de surprises aux spectateurs biberonnés aux films noirs.
On nous ment !
Un genre dans lequel le film puise d’ailleurs son inspiration visuelle en dépit du bon sens. S’il est plaisant de voir les protagonistes porter les tenues très smart que portaient ceux des films noirs, le monde ravagé et inondé dans lequel ils évoluent se prête pourtant assez peu à la coquetterie. Certes, on nous explique que les riches vivent dans la nostalgie perpétuelle. Mais l’ensemble reste assez peu crédible compte tenu de la situation semi post-apocalyptique ambiante.
Le réalisme est justement souvent absent des séquences de Réminiscence. Certaines séquences feront hausser quelques sourcils à ceux qui s’attache à la crédibilité des situations.
On notera par exemple un gunfight incroyablement kitsch (tant au niveau de la mise en scène que de la bande-originale qui l’accompagne), une séquence sous-marine qui ferait s’arracher les cheveux à n’importe quel apneiste, et le personnage d’Hugh Jackman, tantôt aussi invincible que le Liam Neeson de Taken, tantôt aussi nigaud que le Leslie Nielsen des Y’a-t-il un flic… Enfin, le scénario, grand point faible du film, nous l’avons souligné, aligne lui aussi son lot de raccourcis faciles et de séquences peu vraisemblables.
Rendons à César…
Malgré tout, Réminiscence plaira peut-être aux spectateurs les moins exigeants. Si le temps paraîtra long à ceux qui ont l’habitude des polars, celles et ceux qui sont étrangers à ce genre y trouveront probablement leur compte.
L’univers du film, bien que peu crédible, est cependant de toute beauté et il y a dans le film de la belle sœur de Christopher Nolan de très belles images et des plans semblant tout droit issus de bandes dessinées de science fiction. Dommage cependant d’avoir si mal exploité la machine à souvenirs, seule véritable innovation scenaristique de Réminiscence.