Repo ! The Genetic Opera

''Il y a un temps pour prendre ses aises, et un temps pour prendre sur soi''... Après avoir détérioré la franchise Saw le pauvre Darren Lynn Bousman, qui s'est selon les rumeurs lancé dans le cinéma parce qu'il n'y avait plus de place dans l'école de charcuterie, ne semble toujours pas vouloir prendre sur lui. Si il a été écarté du projet Saw 5, ce dernier manigançait secrètement un coup fourré : prendre la famille d'un financier en otage (selon les rumeurs toujours) histoire de mettre en chantier l'un des trucs les plus abominables proposés à Gérardmer (hors compétition, heureusement) cette année. Le genre de chose que les programmateurs ont eu la fine idée de caser à la séance de minuit histoire de limiter (et épargner) le nombre de spectateurs. Dans le principe, ça nous aurait fait bien délirer de voir Pierre Mondy ou Véronique Jeannot (membres du jury) dans la salle à ce moment-là, mais bon... Le garçon semble donc bien décidé à prendre et conserver ses aises. Pire encore, il enfonce le clou une bonne fois pour toute avec sa dernière folie, histoire d'envoyer paître les spectateurs de bon gout qui n'ont, fort logiquement, pas su apprécier toute l'étendue de son travail. Repo ! The Genetic Opera a été façonné dans l'espoir présomptueux de devenir culte un jour ou l'autre, histoire d'être le fils spirituel de The Rocky Horror Picture Show... L'inventivité, le talent, la combinaison des arts, de bons interprètes et le génie en moins. D'ailleurs, pour ne pas perdre de temps, il s'autoproclame même ''Instantanément Culte'' (cf la bande annonce). Eh oui, pourquoi patienter qu'une poignée de fans conciliants finissent par y découvrir, comme un mirage, une once de talent d'ici 35 ans quand on peut le faire soi-même, maintenant, tout de suite ?

Avec une intrigue cornélienne rédigée par une lycéenne de 17 ans, où père, mère, fille, justicier masqué et politicard impérial se tirent dans les pattes, le réalisateur s'empresse d'y caser un univers qui aurait presque pu nous plaire. Un truc intemporel, gothico-rocko-futuristico-multicolore piochant dans le pire de Tim Burton et Blade Runner au long duquel Paris Hilton et Paul Sorvino croient qu'ils savent chanter. C'est hilarant au départ, mais au bout d'une vingtaine minutes c'est tout simplement imbuvable, comme un mauvais plagiat de Saw justement. Parce que Bousman, toujours aussi négligent dans ses cadres et son montage, s'est surtout empressé de faire son Bousman en balançant de la bidoche là où il pouvait en caser, histoire de se faire passer pour un metteur en scène de films d'horreur. Déterminé, il propose quand même une comédie musicale... sans chansons ! Plus précisément sans textes de chansons, sans thèmes, sans refrains, sans aucune écriture musicale. Juste des acteurs mal embarqués qui fredonnent des banalités écrites pour être parlées ''Bonjour tu vas bien ? Non j'ai mal aux cheveux et toi ? Moi ça va ''... Voilà, Repo, c'est ça, plombé d'un rythme lancinant où les fameuses ''chansons'' font généralement doublon avec un mauvais jeu de flashback sous forme de bande dessinée. Où comment entasser des semblant de concepts au lieu de les rendre complémentaires.

Si l'on excepte quelques fous rires nerveux, parce que dans l'ambiance on passe de Evanescence à Tina Arena en faisant un crochet par Avril Lavigne (pour un seul personnage), où même des hippopotames en peluche se mettent à chanter comme au Muppet Show, sans parler d'un Opéra improbable dont le DJ est une octogénaire décolorée, rien n'arrive à être un poil divertissant.