Rose et noir

Après un Boudu qui n'avait pas franchement convaincu, Gérard Jugnot revient derrière la caméra avec Rose & noir. A vrai dire, chez Filmsactu, on l'aime bien le Jugnot réalisateur. Pinot simple flic, Sans peur et sans reproche, Une époque formidable, Meilleur espoir féminin et Monsieur Batignole ... que voilà d'agréables comédies qui, sans en faire des caisses, parvenaient à nous convaincre de leur bonne foi en racontant les aventures de personnages touchants, attachants, dans des histoires d'une profonde sincérité. C'est pourquoi, lorsque l'homme se lance dans un film d'époque ayant pour but de pointer du doigt quelques déviances extrémistes actuelles (on parle de religion) en faisant un parallèle avec l'époque de la grande Inquisition espagnole, on se frotte les mains en imaginant les nombreuses possibilités que ce pitch aguicheur laisse entrevoir. Hélas, dès les premières minutes, on déchante.

Que le film nous raconte l'histoire d'un créateur de mode façon Lagerfeld du XVIe siècle, passe encore. Les anachronismes, pour peu qu'ils soient utilisés de manière honnête (Kaamelott, les Monthy Python), donnent souvent naissance à des beaux moments de rigolades. Mais que l'ensemble soit noyé sous un humour d'un autre âge est quelque chose de plus dur à pardonner. Le film se passe à la Renaissance et on a l'impression que les vannes sont de la même cuvée. Homosexuels qui jouent comme des folles, blagues sur le nez des juifs, comédiens espagnols doublés comme dans une mauvaise telenovela ... rien n'est fait pour nous aider à rentrer dans le film et à nous faire passer la pilule d'un message cul-cul la praline (naïf serait un euphémisme), asséné de manière pachydermique (il n'y a qu'à voir ce plan final incommensurable de lourdeur) par un Jugnot qui semble vouloir à tout prix récréer l'émotion présente dans Monsieur Batignole. On y retrouve même un gamin, dans un rôle un peu similaire à celui de Jules Sitruk, qui ne semble être là que pour permettre au metteur en scène (également interprète principal du film) ou à Bernard Lecoq de lui expliquer la situation avec des mots d'enfants, des phrases simples ... un grossier artifice d'écriture qui permet de simplifier un sujet au maximum, histoire que le public ne se sente pas trop perdu, chamboulé et qu'il comprenne tout bien comme il faut. Une démarche pour le moins insultante, à moins que le public visé ait moins de 10 ans. Auquel cas le film prend tout son sens ... et oui, à 10 ans ca fait encore rire de voir des hommes maquillés qui parlent comme des castras et des gags avec un monsieur qui a la diarrhée !