Samurai Resurrection
Le 08/10/2005 à 10:00Par Elodie Leroy
Prometteur à bien des égards, Samurai Resurrection ne parvient jamais à décoller et déçoit cruellement par sa mollesse et par l'absence de vision du réalisateur. L'abondance d'effets spéciaux et de scènes d'action ne suffit pas à pallier l'ennui qui s'installe durablement pendant le visionnage. Dommage.
Depuis quelques années, on assiste au retour en force d'un cinéma d'action japonais de pur divertissement que l'on croyait disparu. De Azumi à Dororo, en passant par Shinobi, cette tendance est souvent l'occasion de rencontres entre l'univers du manga, les inspirations en provenance du chambara et les éléments directement puisés dans la culture traditionnelle japonaise. Seulement voilà, comme dans tous les phénomènes de mode, il faut savoir faire le tri, et de même que toutes les grosses productions épiques chinoises actuelles ne peuvent prétendre égaler Tigre et Dragon, les films d'action à effets spéciaux made in japan ne possèdent pas tous le souffle de Shinobi. Réalisé en 2003 par Hideyuki Hirayama, Samurai Resurrection affiche plein de bonnes intentions, comme celle d'offrir un cocktail d'action et de fantaisie sur fond historique. Mais en dépit d'un potentiel indéniable, la sauce ne prend jamais et l'on reste constamment sur sa faim, jusqu'à ce que l'ennui pointe insidieusement le bout de son nez.
Pourtant, le pitch de départ avait de quoi faire saliver, même s'il s'agit en réalité du remake de Samurai Reincarnation (1981), un film de Kinji Fukasaku avec Sonny Chiba. Samurai Resurrection débute donc en pleine guerre de Shimabara, soit en 1637 lorsque les Chrétiens se révoltèrent contre le Shogunat, et nous plonge directement dans le massacre de renégats menés par un certain Amakusa Shiro Tokisada (Yôsuke Kubozuka). Des années plus tard, alors que ce dernier était censé avoir péri, il réapparaît mystérieusement avec sa compagne (Kumiko Aso), tous deux revenus des Enfers. Pour venger les siens, Shiro ressuscite les samouraïs les plus illustres dans le but de renverser l'Empereur. Seul Yagyû Jubei (Kôichi Sato) refuse de se laisser corrompre et se met en travers de son chemin.
Bénéficiant d'un budget confortable, Hideyuki Hirayama avait quelques atouts non négligeables de son côté et à défaut d'être un chef d'œuvre, Samurai Resurrection aurait pu remplir honnêtement son cahier des charges. Le réalisateur se paie le luxe d'une profusion de scènes d'action - pas moins d'une dizaine, et multiplie les plans à effets spéciaux numériques. Ajoutons à cela une direction artistique globalement soignée, bien que certaines associations de couleurs soient un peu malheureuses. Mais il ne suffit pas d'avoir du décor et des moyens, encore faut-il les employer à bon escient. Or le scénario de Samurai Resurrection ne brille pas par sa clarté et se voit vite plombé par une narration mollassonne qui se traduit par de nombreuses baisses de régime. Non seulement les scènes s'enchaînent maladroitement, le montage se révélant parfois très approximatif, mais aucun moment de bravoure ne parvient jamais à émerger. Ce qui est d'autant plus embêtant que le film se prend très au sérieux et ne comporte pas une once d'humour.
Côté scènes d'action - puisqu'il n'est pas interdit de regarder ce type de production uniquement pour voir de beaux combats, on apprécie le souci du réalisateur d'offrir une panoplie d'armes variées respectant le style des samouraïs mis en scène. Mais si les chorégraphies ne sont pas dénuées de quelques enchaînements sympathiques, il ne faut s'attendre à aucune véritable montée d'adrénaline. Hideyuki Hirayama se montre peu inspiré par ses combattants, si ce n'est le temps d'un ou deux mouvements de grue aériens dans l'affrontement qui oppose le Yagyû Jubei à Musashi. De même qu'aucune scène marquante ne se détache du lot, aucun personnage ne déclenche un semblant d'intérêt. Les premières apparitions de Shiro étaient prometteuses mais le personnage agace vite par son attitude caricaturale, et cela malgré le choix judicieux de son interprète, Yôsuke Kubozuka, dont on peut par ailleurs apprécier le talent dans Go et Ping Pong. Parmi les acteurs secondaires, comment ne pas être déçu de voir Tetta Sugimoto (Alive, Réincarnation) et Kumiko Aso (Kairo) aussi sous-exploités et de n'avoir que cinq minutes de Masaya Katô (Aragami) à se mettre sous la dent. Nous ne nous attarderons même pas sur Kôichi Sato, qui fait un Yagyû Jubei transparent à souhait et a encore bien du chemin à faire pour arriver à la cheville de Sonny Chiba. Enfin, en plus de la laideur de certains effets spéciaux (la mélasse rouge rosée qui s'échappe des blessures des démons) la composition musicale horripilante vient achever allégrement le travail, plombant définitivement l'ambiance lors des rares scènes qui auraient pu empêcher le bateau de couler.